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Le paradoxe du succès de Jean-Luc Mélenchon4 minutes de lecture

par Jonas Follonier
1 commentaire

Regard sur l’actualité – Jonas Follonier

C’est le nouveau rebondissement qui s’ajoute à cette campagne présidentielle hors du commun. Devancé par Benoît Hamon il y a quelques semaines, Jean-Luc Mélenchon est désormais le troisième homme dans la course à l’Elysée (de 18% à 20% selon les sondages), derrière les deux favoris Marine Le Pen et Emmanuel Macron qui peinent à se maintenir à leur hauteur et devant François Fillon qui se situe à environ 17%. Bien que les sondages – cela s’est avéré ces derniers temps – peuvent être démentis le jour de l’élection, ils donnent néanmoins de bonnes indications sur la tendance du moment.

Cette tendance, nous pouvons la comprendre. Jean-Luc Mélenchon mène en effet une campagne très intelligente, et plusieurs éléments semblent susceptibles d’expliquer sa rapide remontée. Tout d’abord, sa constance et sa précision: tenant le même discours depuis le début de la campagne, Mélenchon est le premier à avoir présenté son programme aux Français et à l’avoir chiffré. Sa franchise aussi: s’il s’avère impossible de sortir d’une manière ou d’une autre des traités européens, son plan B est clair: la France quittera l’Union européenne. Sur ces sujets, la candidate frontiste est par exemple plus ambiguë.

Jean-Luc Mélenchon adopte également des positionnements intéressants qui le distinguent des autres candidats de gauche: une volonté de dialoguer avec Vladimir Poutine, un programme ambitieux et global en matière d’écologie, un refus de continuer à intervenir militairement sur le globe. Mais au-delà de ses propositions, c’est bel et bien son style qui séduit un électorat de plus en plus large. Vainqueur des deux grands débats, il a également fait sensation lors de ses passages à L’Emission politique et On n’est pas couché.

Ce succès médiatique comporte néanmoins un grand paradoxe. En effet, si Mélenchon a un style qui plaît, c’est en grande partie pour sa maîtrise du français, sa vaste connaissance de l’Histoire nationale, ses références, sa posture de chef d’Etat. Bref, le candidat de «La France insoumise» apparaît comme un homme politique de naguère. Il incarne une Ve République qui fonctionne, la rencontre d’un homme avec un peuple. Mélenchon a un bon goût de tradition. Son charme vient du monde ancien, dont les Français sont nostalgiques.

Or, de tous les onze candidats, Jean-Luc Mélenchon est justement celui dont le projet propose une rupture brutale avec le passé, pour se diriger vers un monde absolument nouveau. Il le répète assez sur les plateaux de télévision: s’il est élu, il convoquera une assemblée constituante, composée de représentants de la société civile, ayant pour mission de refonder de fond en comble le système institutionnel. Fini le régime trop autoritaire du Général de Gaule, place à la VIe République! A ses yeux, l’Académie française aussi est dépassée; il s’agit de l’étendre à toute la francophonie. Quant à la dette qui menace la survie économique du pays, «c’est de la rigolade».

Difficile, dès lors, de comprendre cet électorat allant de la gauche la plus dure au centre le plus modéré, jeunesse en tête, qui fait de Mélenchon le héros des réseaux sociaux, le dernier des tribuns d’autrefois capable de redonner à la France l’autorité de ses anciens dirigeants. Oublient-ils que ce trotskiste assumé est le candidat de l’incertitude, de la plongée en avant? Que cet admirateur inconditionnel de dictateurs comme Fidel Castro veut isoler son pays du reste du monde, obliger les Français de l’étranger à payer les impôts dans leur pays d’origine, tourner le dos à la politique économique qui a fait ses preuves en Allemagne et en Grande-Bretagne notamment? Qui peut être certain du régime qu’un tel homme mettra en place?

Au-delà des sensations, il s’agit d’examiner les programmes. Trop peu de personnes le font. Il est exaspérant de voir tous ces bobos se diriger vers le vote mélenchoniste juste par simple mode et vomir le vote lepéniste parce que «le fascisme, c’est dangereux», alors que les deux candidats des extrêmes s’accordent presque en tous points sur les questions économiques.

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Ecrire à l’auteur: jonas.follonier@leregardlibre.com

Crédit photo: © ecoledelartoratoire.com

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1 commentaire

Simon Tripnaux 12 mai 2017 - 22 10 28 05285

Pour ce qui est du FN, ce ne sont que des postures …

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