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L’islam en Suisse: l’heure du débat?4 minutes de lecture

par Nicolas Jutzet
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Regard sur l’actualité – Nicolas Jutzet

L’interview donnée par Saïda Keller-Messahli dans Le Temps du 2 septembre fait son effet sur le lecteur. Dans le cadre du lancement de son nouveau livre Islamistische Drehscheibe Schweiz: Ein Blick hinter die Kulissen der Moscheen, elle veut nous avertir sur le problème que pose l’islam actuellement dans notre pays. La présidente et directrice du Forum pour un islam progressiste dresse un constat alarmant.

C’est le moins que l’on puisse dire. Selon elle, il existe «une stratégie globale qui vise à implanter un islam conservateur, rétrograde, discriminant et parfois violent» et «l’islam radical s’est invité dans les mosquées suisses». Elle indique par ailleurs que «chaque mosquée ou presque à son jardin d’enfants ou son groupe de jeunes. Il s’avère que ce sont des lieux d’endoctrinement religieux».

Que la propagande dénoncée par l’auteur s’adresse à des adultes est en soi déjà inquiétant mais relève, tant qu’elle respecte le reste du droit, de leur liberté confessionnelle. Mais face à l’endoctrinement de la relève, influençable, qui peut se transformer en véritable «bombe à retardement», il est difficile pour chacun de rester stoïque.

Une fois l’état des lieux dressé, elle reproche aux autorités leur naïveté. Un tabou empêche le débat. Par peur d’apporter de l’eau au moulin d’une partie de la droite, «la gauche fait preuve d’angélisme, par souci de protéger les minorités et le multiculturalisme». De manière plus générale, elle regrette que «les politiques préfèrent rester dans leur zone de confort et fermer les yeux sur des sujets qui les exposent». Elle appelle à un encadrement plus strict.

La lecture de cette interview coup de poing laisse perplexe. La situation décrite par l’entretien est en décalage total avec l’image d’une Suisse paisible et intégratrice que nous idéalisons sans doute. Le travail de Saïda Keller-Messahli doit maintenant donner la chance d’une prise de conscience et une analyse approfondie de la problématique. En premier lieu parmi les musulmans.

Au final, c’est bien sur eux que cette réalité jette une suspicion généralisée, laquelle doit être insupportable pour tout individu souhaitant vivre sa foi dans le respect des valeurs de son pays d’accueil. Saïda Keller-Messahli est votre messagère: emboîtez-lui le pas! Se tourner vers l’Etat dans une position victimaire en s’épargnant une autocritique serait trop facile. Chacun doit faire sa part pour parvenir à enrayer cette dynamique inquiétante.

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On pourrait dans le fond trouver des pistes qui expliquent le relatif manque d’intérêt pour cette thématique par la grande capacité d’intégration de la Suisse et son taux de chômage plus faible en comparaison internationale chez les jeunes. La France le sait, la meilleure façon de lutter contre la radicalisation, ce sont les perspectives données aux jeunes.

Le fait que «la Suisse» n’existe pas en tant que telle mais dans sa diversité, avec un socle de valeurs communes, mais avec ses différences régionales fortes, permet d’intégrer plus facilement le nouveau venu qu’en France. De manière flexible. Emmagasiner et s’identifier à un système fédéral semble plus facile que de devoir embrasser la République. Mais pour combien de temps?

Ecrire à l’auteur: nicolas.jutzet@lereregardlibre.com

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