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Manuel Valls, symbole d’un monde qui meurt2 minutes de lecture

par Nicolas Jutzet
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Regard sur l’actualité – Nicolas Jutzet

Le grand perdant de la primaire de la gauche, qui avait pris ses distances avant même le premier tour avec sa famille politique, semble perdu. Isolé. Lâché par son ancien parti, logiquement courroucé pour son infidélité, le voici (à nouveau) refoulé par En Marche! qu’il pensait rejoindre, empruntant un tapis rouge. Mais rien n’y fait, le prétendant ne trouvait pas, et ne trouve toujours pas, malgré son passé, son expérience, ses relations, son rôle de Premier Ministre, grâce aux yeux du symbole du renouveau. Pris entre le marteau et l’enclume, Manuel est seul, abandonné.

Triste sort pour celui qui avait milité auprès du Président sortant pour faire entrer ce technocrate ambitieux dans son gouvernement. Avec lui, il allait faire des réformes, pouvoir se profiler comme le «Schröder» français. Quelques mois et quelques impertinences distillées dans une presse complaisante plus tard, voilà Valls dépassé. Ringardisé par ce nouveau venu qui contrairement à lui sait convaincre, sait plaire et écouter. Bref, incarner ce renouveau qu’il voulait porter. La loi Macron, qui avait une majorité pour la faire passer par simple votation, servira de réponse. Valls emploie le 49-3 pour torpiller l’image et le travail de titan fourni en coulisse par le jeune arrogant. Mais rien n’y fait, la dynamique ne s’inverse pas. Valls est piégé. Entre un Président en disgrâce et la coqueluche des médias, il ne reste que peu de place pour celui qui se rêvait en synthèse des deux. Il voit l’étau se refermer.

Courageux sur le tard, contrairement à d’autres, Manuel Valls paie son manque de vision. Il fait entrer le loup dans la bergerie, lui vole sa victoire, puis refuse de voir la vérité en face. Impossible pour quelqu’un comme lui, qui accepte l’économie de marché tout en représentant la ligne sociétale la plus dure au sein de la gauche, de gagner cette primaire. Il fallait fuir, prendre le large, oser rassembler au-delà des appareils de parti. Mais soyons honnête, difficile d’envisager une réussite à pareille aventure folle. Il n’en a pas les qualités.

Le voilà donc, lui qui incarnait l’avenir de la gauche, réduit à quémander une investiture auprès de son ami d’hier. Logiquement refusée, tant il représente le monde qui se meurt, avec ses logiques devenues insupportables. Mais beau joueur, le nouveau Président laisse la porte entre-ouverte. En refusant de placer un candidat En Marche! face à lui, il laisse supposer que l’ancien Premier ministre n’est pas son ennemi, à défaut d’être son ami. La bienveillance, non pas d’une main tendue, mais celle de refuser d’abattre un homme à terre. Sur le long-terme, un accueil dans cette nouvelle famille qu’il souhaitait ardemment rejoindre n’est pas exclu. Mais il doit d’abord disparaître, cesser d’incarner ce que semble détester la France. En refusant d’affronter l’Histoire, Manuel s’est brisé. Ce n’est que justice.

Ecrire à l’auteur: nicolas.jutzet@leregardlibre.com

Crédit photo: © Nathalie MP

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