Le Regard Libre N° 13 – Sébastien Oreiller
Inspiré du roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Le Guépard est sûrement l’une des créations iconiques du cinéaste italien Luchino Visconti, un film de 1963 comme on n’en fait plus, 205 minutes de chef d’œuvre. Une bande son de Nino Rota et un casting de rêve: Burt Lancaster dans le rôle du prince de Salina, Alain Delon dans celui de Tancredi, Claudia Cardinale pour Angelica, et la Sicile, immortelle, en 1860 comme aujourd’hui. Car c’est bien dans la tourmente de l’unification italienne que s’ouvre le film.
Don Fabrizio Corbera, prince de Salina, c’est lui, le Guépard, dur et serein face à la révo-lution, mais c’est aussi l’auteur, Tomasi, et, dans une certaine mesure, Visconti lui-même. Comme dans tous ses films, comme dans Les Damnés, Ludwig ou le Crépuscule des Dieux et tant d’autres, le thème de la décadence d’une aristocratie obsède le cinéaste-prince milanais, devenu militant rouge. C’est tout un monde qui s’effondre avec la chute du royaume des Bourbons, quand le trouble Don Calogero, un paysan enrichi, parvient à fiancer sa fille Angelica au neveu du prince, Tancredi Falconeri.