Cinema Wednesdays - Jonas Follonier
The film opens with water boiling. Water that appears black, due to the color of the pot. Central color in Sweet Country, There are no Indians or the great American West: this western is set in 1920s Australia and depicts the racial tensions of the time, between Aborigines and whites. The vocabulary is harsh: «black cattle», «dirty nigger», the film is quick to call out the qualifiers, reminiscent in some respects of the latest Tarantino film. Black is also the darkness of a bedroom where a rape is taking place.
Et c’est l’histoire d’un noir en particulier qui sera celle du film : l’ouvrier agricole Sam Kelly (Hamilton Morris), qui doit fuir avec sa femme après avoir tué un blanc. Le sergent Fletcher (Bryan Brown) est parti à sa poursuite. Ce périple est sublime. Il compte sur une photographie virtuose qui enchaîne les plans orangés sur les grandes étendues de l’outback, l’arrière-pays gigantesque et aride, nous faisant découvrir également la végétation propre aux plaines australiennes. En contraste avec cet esthétisme, un réalisme pur et dur, marqué notamment par l’absence totale de musique. On suit les respirations, les doutes, la fatigue, les quelques paroles des personnages.
Ceux-ci sont filmés de manière originale : le spectateur assiste par exemple à la première apparition du sergent « par dessous » et « par derrière », puisque la caméra se situe sur le seuil d’une porte et suit la sortie du personnage. Même si le rythme de Sweet Country respecte la tradition du western classique, la temporalité, elle, innove : les flashbacks and flashforwards sont amenés comme des scènes imbriquées et muettes, avec en arrière-plan les bruitages de la scène au présent que l’on entend encore. Tout ce travail est admirable et le visage de l’inconnu Hamilton Morris, une véritable gueule cinématographique, est à elle seule une trouvaille.
Toutefois, on reprochera au réalisateur Warwick Thornton d’avoir mis trop de temps – une trentaine de minutes – à faire arriver l’élément déclencheur, le meurtre du blanc, qui marque le véritable commencement du film. De plus, une ou deux chansons country ou quelques instrumentaux simples à la guitare sèche n’auraient pas nui à l’originalité de la réalisation, bien au contraire. Enfin, le pari visuel fait par le film et dont nous avons fait la louange aurait pu compter en même temps sur un approfondissement de la complexité des personnages. Somme toute, Sweet Country reste un très bon western, mêlant tradition et singularité, qui intéressera les amateurs de westerns et les cinéphiles de manière générale.
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Crédit photo : © Prasens-Film