Excursionniste émérite, studieux prosateur et brillant opérateur d’appareils photographiques, Theodor Wildt partage fragments textuels et imagés de son élaboration avec les lecteurs du Regard Libre.
A ma vue s’offraient les variations vallonnées du pays tout entier jusqu’aux cimes alpines. Troublé par la langueur d’une journée de printemps fort ensoleillée, je m’allongeai au creux d’une côte à l’orée des champs et, accablé de torpeur, plongeai dans le rêve le plus effrayant que j’eusse jamais fait. Tel qu’il s’y révélait, le monde n’était plus simplement délimité par l’expérience sensorielle de l’espace comme il était d’ordinaire, mais se concevait sous la forme d’une intangible nébuleuse de réalités immanentes, parallèles, éclatées, distantes, qui étaient reliées entre elles par la seule faculté de conceptualisation humaine. Tout individu s’ingéniait à investir cette per