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Economie

Interview

«Si tu as une équipe cool, tu sais très bien pourquoi tu fais ce que tu fais»6 minutes de lecture

par Ronnie Grob
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Léa Miggiano a été nommée jeune entrepreneure de l’année en 2021 par le Swiss Economic Forum. Photo: Selina Seiler

En tant qu’entrepreneur, il faut s’efforcer de progresser dans ses tâches. Du moins est-ce le crédo de Léa Miggiano, cofondatrice de Carvolution. En retour, on est récompensé par la liberté. Le plaisir, c’est de faire avancer et d’observer le développement de l’entreprise.

Léa, en 2018, à 23 ans, tu as cofondé la société Carvolution. Six ans plus tard, tu apparais déjà dans la liste «Bilanz» des 100 plus jeunes personnes les plus riches de Suisse. Est-ce que cela t’a surprise?

Non, mais il y a beaucoup de choses que je n’avais pas imaginées, je dois dire. (Rires)

Comment Carvolution a-t-elle été créée?

Assez rapidement. Pendant mes études, je travaillais déjà dans différentes startups. Quand j’ai terminé mes études, j’ai essayé de m’acheter une voiture. J’ai tenté de négocier avec mon père que je vende une de ses voitures et que je garde la différence. Mais j’ai perdu beaucoup de temps à vendre ce véhicule. En même temps, un de mes mentors m’a parlé du concept d’abonnement automobile des Etats-Unis et m’a demandé si cela ne résoudrait pas mes problèmes. Je me suis dit: si, ça résoudrait tous mes problèmes. C’est ce dont la Suisse a besoin!

As-tu toujours imaginé devenir entrepreneure?

Pas du tout. L’étape logique suivante aurait été de faire un master. Mais à ce moment-là, la création d’entreprise me semblait tout aussi passionnante. Je n’ai pas évalué ni réfléchi longtemps, je me suis lancée.

Est-ce que tu regrettes parfois d’être devenue entrepreneure? C’est quand même très fatigant.

Lorsque tous mes collègues de l’université ont terminé leur master, j’ai eu un moment de peur de passer à côté de ma vie: je n’avais pas pris le chemin de carrière classique. Mais ensuite, je me suis vite souvenue de la liberté que j’ai en tant qu’entrepreneuse, que je peux vraiment prendre les choses en main et dire: «Voilà ce que nous allons faire ensuite.» Tu vois alors comment les choses avancent, et cela te donne aussi beaucoup. Je ne sais pas ce qui est fatigant ou pas – je ne sais que ce que je fais. Cela me convient, j’aime ça.

As-tu eu des modèles comme entrepreneure?

J’ai copié certaines choses chez beaucoup de personnes de mon entourage. Les modèles sont importants pour s’inspirer, mais il faut trouver sa propre voie et la suivre avec sa propre personnalité.

La Suisse offre-t-elle un bon environnement pour devenir entrepreneur?

J’ai fondé Carvolution dans une situation extrêmement privilégiée, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Si je n’avais pas eu d’argent, j’aurais pu appeler chez moi à tout moment et demander: «Hey, je peux retourner dans ma chambre?» En principe, ici en Suisse, nous avons accès à une bonne éducation et à des moyens financiers. Ces dernières années, il est devenu un peu plus difficile pour les jeunes entreprises de lever des fonds, mais dans l’ensemble, nous avons une économie qui fonctionne, dans laquelle l’innovation est considérée comme quelque chose de souhaitable. C’est le bon terreau.

L’abonnement auto est une alternative à l’achat d’une voiture et au leasing. Qu’est-ce qui fait son attrait pour toi?

C’est tellement pratique, tu ne paies ta facture que tous les mois. En échange, tu as une super voiture et tu peux choisir la durée pour laquelle tu souhaites en disposer – tu n’as pas à t’occuper du reste. Nous réalisons notre profit grâce à des structures de quantité: le client privé ou la cliente privée achète une voiture – nous achetons 150 exemplaires d’un modèle. Ainsi, nous pouvons proposer un prix attractif à nos clients.

C’est très intensif en capital.

Oui, c’est pourquoi j’ai beaucoup de respect pour notre directeur financier. Nous avons eu des investisseurs qui nous ont permis d’acheter les premières voitures. Ensuite, avec l’aide de partenaires financiers, nous avons mis en place nos propres constructions pour financer les voitures. Ce sont toujours de très longues discussions. Il faut présenter ses chiffres de manière très soignée pour trouver des gens qui financent ces voitures.

Quelle est la voiture la plus populaire de ta flotte?

Ça change tout le temps, c’est une flotte dynamique. En ce moment, l’Opel Corsa est très populaire: une petite voiture avec un très bon rapport qualité-prix. Mais les dénommées «mini SUV» fonctionnent aussi très bien en ce moment.

Quelle est ta voiture préférée?

J’ai dépassé depuis longtemps le point où j’ai une voiture préférée. J’aime changer de voiture, ce qui fait aussi que je connais nos produits. Après une semaine, pour moi aussi, la voiture est simplement redevenue une voiture, j’ai alors appuyé sur tous les boutons amusants.

Pendant longtemps, il y a eu une forte identification avec la marque. Après avoir acheté ma propre voiture, je lui reste fidèle pendant des années, puis je commande le modèle suivant… La fidélité dans le choix d’une voiture n’existe-t-elle plus?

Si, elle existe toujours. Même chez nous, il y a une certaine loyauté envers les marques. Celles-ci continuent à avoir leur image, c’est un choix de style de vie: est-ce que je conduis plus de Ford ou plus de Fiat 500, ou est-ce que je suis plus un type de Mini? Nous nous concentrons fortement sur les modèles les plus populaires.

Vous avez aussi des Teslas?

En ce moment, nous avons une Tesla Model Y.

Des voitures chinoises?

Pas pour l’instant, mais des discussions sont en cours.

Quelle est ton attitude vis-à-vis des voitures autonomes?

J’en suis une fan absolue. Je pense que nous devons être patients, car nous devrons nous adapter. Quelques points d’interrogation subsistent: avons-nous les bons panneaux de signalisation et marquages routiers? Comment une voiture doit-elle réagir aux obstacles? Et: qui est responsable de quoi et dans quel cas?

Combien de temps passes-tu dans les embouteillages par semaine?

Je ne suis jamais dans les embouteillages. Je suis sur la route soit très tôt le matin, soit très tard le soir, et cela a de nouveau un rapport avec la vie d’entrepreneur.

Comment l’entrepreneuriat t’a-t-il changée? Es-tu devenue plus capitaliste? Plus libérale?

J’ai une influence très libérale de la part de ma famille. Avec mes études d’économie, j’ai développé un regard un peu différent: tu regardes le pays un peu comme une entreprise, avec une compréhension des dépenses et des recettes. Je ne peux pas vraiment me classer dans un parti politique, j’essaie plutôt de développer une opinion fondée sur chaque sujet. Mais globalement, mon intérêt pour la politique a augmenté.

Est-ce que tu as reçu l’esprit entrepreneurial de tes parents? Ou s’est-il développé au fil des ans, depuis que tu es entrepreneure?

Ma famille m’a conféré de l’assurance. J’en ai tiré une confiance en ma capacité à faire des choses. Et j’ai réalisé que je devais m’efforcer de progresser dans ces nouvelles tâches – ce qui est typique de l’entrepreneuriat. Tout change si vite, il faut donc vouloir suivre le mouvement. Tu t’embarques ainsi dans un voyage passionnant!

N’y a-t-il pas beaucoup de jeunes qui disent «L’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est plus important pour moi», plutôt que d’assumer la responsabilité d’entrepreneur et de se lever très tôt?

Pour moi aussi, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est important. Mais quand on aime faire quelque chose, on ne dit pas simplement à ses collègues «J’y vais, bonnne soirée» après 8 ou 8,5 heures. On se perd aussi dans les tâches. Et j’ai une certaine influence sur les personnes avec lesquelles je travaille. Si tu as une équipe cool, tu sais très bien pourquoi tu fais ce que tu fais.

Quand on est entrepreneur, on a un nombre incroyable de possibilités de décision pour réaliser quelque chose. Je pense que beaucoup de gens qui n’ont jamais été entrepreneurs sous-estiment cela.

Je ne peux que le recommander, c’est vraiment amusant. Bien sûr, c’est aussi frustrant, car on ne réussit jamais tout. Mais regarder le développement me fait tellement plaisir que je le fais tous les jours.

Ronnie Grob est rédacteur en chef de Schweizer Monat.

Vous venez de lire une interview en libre accès, tirée de notre opération «Esprit entrepreneurial» et contenue dans notre supplément «Vive l’esprit d’entreprise!» (Le Regard Libre hors série N°5).

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