«Le bonheur après tout, est une activité originale aujourd’hui. La preuve est qu’on a tendance à se cacher pour l’exercer. Pour le bonheur aujourd’hui c’est comme pour le crime de droit commun: n’avouez jamais. Ne dites pas, comme ça, sans penser à mal, ingénument: «Je suis heureux». Car aussitôt, vous verriez autour de vous, sur des lèvres retroussées, votre condamnation: «Ah! vous êtes heureux, mon garçon? Et que faites-vous des orphelins du Cachemire, ou des lépreux de la Nouvelle-Zélande, qui ne sont pas heureux, eux?» Et aussitôt, nous voilà tristes comme des cure-dents. Pourtant moi, j’ai plutôt l’impression qu’il faut être fort et heureux pour bien aider les gens dans le malheur.» – Albert Camus
La philosophie de Camus est très proche de l’existence qu’il mena. Il naît en 1913 à Mondovi (Algérie) d’une famille pauvre et analphabète; les siens déménagent très tôt à Alger (suite au décès du père, à la guerre) et permettent ainsi la rencontre du petit Camus et de l’instituteur Louis Germain, qui verra du talent en lui et convaincra sa famille à l’inscrire au lycée malgré leur pauvreté. Sa première lutte sera celle du langage: il s’est voulu le porte-parole de tous ceux qui, démunis ou n’ayant pas pu aller à l’école, ne pouvaient pas parler. Il découvrira à la même période les inégalités dues à la pauvreté, et étonnement le football pour les contrer! Gardien de but, on le décrira comme «solitaire dans sa cage, mais solidaire dans l’équipe». Il se lance plus tard dans des études de philosophie.