Regard sur l’actualité – Léa Farine
A l’heure où j’écris ces lignes, on sait que Moutier, petite ville située selon son slogan au « cœur du jura », a décidé à une courte majorité de se rallier à ce canton. Le scrutin clôt presque définitivement un conflit vieux de deux siècles, puisque c’est en 1815 que les anciennes terres de l’Évêché de Bâle sont annexées par le canton de Berne. Bien plus tard, dans la deuxième moitié du XXe siècle, la question identitaire resurgit et flambe, ce qui débouchera, après une longue période de tension, sur l’entrée en souveraineté de la République et Canton du Jura en 1979.
Or, ces derniers temps, de façon moins violente que dans les années 70 mais avec tout de même une certaine animosité larvée, le climat n’était pas serein, à Moutier. Ce n’était pas à moi, ni à quiconque d’ailleurs, sinon les principaux intéressés, de déterminer, par le vote, qui des séparatistes ou des loyalistes avait raison ou tort. Mais ce que l’on peut dire et redire, c’est à quel point les questions identitaires sont toujours liées, de façon ambivalente, à la fois à la sécurité et à la lutte. En effet, il est vital, pour l’animal social qu’est l’être humain, de se sentir appartenir à une communauté, religieuse, linguistique, nationale ou encore familiale, plus ou moins inclusive selon les sensibilités personnelles.