Article inédit – Loris S. Musumeci
Qu’il est délectable et honorifique de s’indigner contre le monde et de le critiquer avec désinvolture. Blâmer la tendance « transhumaniste » de la société, typiquement, est aujourd’hui plus que jamais en vogue. On s’oppose à celle-ci, mais, paradoxalement, on la glorifie aussi. En effet, lorsqu’elle est dans une optique « méliorative » – c’est-à-dire d’augmentation du genre humain – on crie au démon, alors que si elle est destinée à des fins thérapeutiques, ce sont les doux anges que l’on chante pour rendre grâce de ce miracle des sciences. Tout cela est bel et bon ; cependant, ne faudrait-il pas se demander si les lubies d’« hommes-robots » et d’autres dérives du transhumanisme mélioratif, ne proviennent pas, en fait, du côté médical du phénomène ? Plus précisément, c’est sur l’actuelle définition référentielle de la santé qu’il convient sérieusement de se questionner : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. » (OMS, 1946). Cette conception ne serait-elle pas, en réalité, un lourd facteur du transhumanisme ?