Le Regard Libre N° 23 – Loris S. Musumeci
Armand Dussex est alpiniste et passioné de montagne. Il fut longtemps gardien de la cabane des Audannes. Egalement fondateur du Musée valaisan des bisses, à Anzère, il marque là aussi son attachement à la culture. Ce sont en effet son amour de la montagne ainsi que sa soif inépuisable de découverte qui le poussèrent à partir au Népal, il y a quelques années de cela. Il s’y lia d’amitié avec la famille Sherpa, de l’ethnie du même nom. Armand Dussex raconte, dans cet agréable ouvrage Tendi Sherpa, Plus haut que l’Everest, l’histoire de ses compagnons de l’autre bout du monde, en posant un accent particulier sur son cher Tendi, devenu guide de renom dans la région de l’Himalaya. L’alpiniste écrivain a aussi réalisé d’autres livres, toujours en rapport à la montagne, tels que Des bisses et des hommes. Rencontre à Sion.
Loris S. Musumeci : Dans votre ouvrage Tendi Sherpa, plus haut que l’Everest, vous écrivez que l’histoire de Tendi Sherpa « n’est pas banale » et que « celle de ses ancêtres est également remarquable ». Pourquoi ?
Armand Dussex : La famille de Tendi est effectivement particulière. Elle a vécu une première étonnante migration dans les années septante, qui ne provoqua pas seulement un changement de localité, mais un véritable nouveau mode de vie. Ils ont abandonné leur terre, marchant cinq jours durant avec tout leur bétail, pour des motifs, en grande partie, religieux. Là où ils vivaient avant, le monastère était abandonné de tout office car aucun lama (religieux du bouddhisme tibétain) ne s’y trouvait. Moi-même, en 2000, j’ai voulu parcourir ce chemin de migration afin de mieux connaître l’histoire de la famille Sherpa. Aussi, Khamsu, père de Tendi, fut l’acteur d’un second déplacement avec sa femme et ses enfants : celui vers Kathmandou, dans le but de devenir guide de montagne. Voilà pourquoi l’histoire des Sherpa, et par là celle de Tendi, est absolument remarquable.