Article inédit – Loris S. Musumeci
A l’heure où la Toile Universelle – autrement dit : « Internet » – est devenue la capitale du journalisme, les changements affectant ce dernier ne parviennent pas sans se faire remarquer ; mais touchent-ils véritablement à son essence même ? De fait, on pourrait croire qu’il s’agit seulement d’une modification de son support ; en d’autres termes, le changement serait de l’ordre de la forme sans concerner le fond, bien que les deux soient de toute façon liés.
Une telle supposition semble évidemment fausse ; en effet, suffit-il de naviguer quelque peu sur les vagues rapides, imprévisibles, sensationnelles et fulgurantes de l’océan infini du dieu « Web » pour noter aisément une insécurité, certaine cette fois-ci, de la véracité de l’information sur les sites sans garantie extérieure du monde virtuel. J’exprime par là, en ce qui concerne les journaux, ceux qui n’ont notamment aucun fondement historique, ou qui n’ont pas une édition de papier qui garantirait une certaine légitimité de l’information.
Apparaît également un raccourcissement épatant et délectable, aux yeux de la paresse de lire, de l’ampleur des articles, mais encore une masse titanesque de renseignements, communiqués, notes de renvoi, tout cela accompagné, bien sûr, de propositions, apparaissant sous figure de fenêtres vers le bonheur, à découvrir l’amour véritable sur une plate-forme saine et fondée telle « adopteunmec.com », à apprendre les véritables jouissances de la sexualité par une pratique de la part d’experts qui, dans un souci pédagogique, sont prêts à mettre leur sagesse et leurs techniques en œuvre à l’écran pour illustrer la chose avec une bienveillance fornicatrice ou même à partir en vacances exactement là où la mer est aussi bleue et la famille aussi joyeuse que sur l’image présentée.
« La pub et l’info de paire, c’est le top ! », pourrait-on s’exclamer dans une complaisance médiocre, accompagnant nos propos du sourire authentique, le beau et cordial « smiley » 😉 qui nous plaît.
Ces éloges aux douces caractéristiques de notre époque étant enfin avoués après tant d’années de refoulements réactionnaires et conservateurs, il serait sans doute bon et pertinent de revenir à notre discours d’origine ; il est bien certain que le fond et la forme du journalisme ont changé par la toile, toutefois la vraie question qui se pose est la suivante : le journalisme d’antan, aux parfums artistiques de passion et d’engagement, a-t-il tout de même encore sa place dans le monde médiatique actuel à travers le traditionnel journal de papier, voire des quotidiens ou revues, qui malgré leur publications en format informatique, sont héritiers d’une culture littéraire ?
La suite, au prochain épisode.
Ecrire à l’auteur : loris.musumeci@leregardlibre.com