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Accueil » «Gaspard de la nuit»: le prix Femina essai au coeur du handicap

«Gaspard de la nuit»: le prix Femina essai au coeur du handicap2 minutes de lecture

par Loris S. Musumeci
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Tour d’horizon de quelques grands prix littéraires – épisode #1

Le Regard Libre N° 47 – Loris S. Musumeci

«La nuit de Gaspard évoque un soi qui n’a pas accédé à la condition de sujet, à la possibilité ordinaire et prodigieuse de dire je. Elle est une énigme supplémentaire, inattendue, impénétrable.»

Un petit livre qui ne paie pas de mine pour une grande pensée plus que jamais nécessaire. Gaspard de la nuit se présente sous la forme d’un court essai philosophique – ce qu’il est pleinement –, mais il prend aussi la statut d’un hommage, sobre et profond, de la philosophe Elisabeth de Fontenay à son frère handicapé mental. Ces deux dimensions sont très bien articulées, parce qu’elles se nourrissent l’une l’autre: le récit du frère est porté par une réflexion sur le handicap, et les pages aux dissertations philosophiques sont soudain portées par le témoignage de vie du frère.

Voilà un prix bien donné et utile. Non seulement il honore la carrière impressionnante du professeur de philosophie à la Sorbonne que fut l’auteur, mais il met aussi en évidence la cause du handicap, mise en réel danger depuis des penseurs comme un Heidegger proche du nazisme jusqu’à des intellectuels actuels comme Peter Singer, qui considère que la vie d’un handicapé mental est sans valeur. Avec cohérence et placidité, Elisabeth de Fontenay lui répond à l’aune de l’expérience qu’elle a de son frère.

Enfin, le livre est plutôt accessible, même s’il ne renonce pas à une pensée pointue. Certes, les pages de philosophie demandent quelques petites bases au préalable. Heureusement, l’écriture de la philosophie est remplie de pédagogie et procède étape par étape. Le cœur de tout l’ouvrage réside toutefois dans la tendresse qu’exprime l’auteur à l’égard de frère, ce simplet, qui fait pourtant pleurer d’émotion.

«Et pourtant, un jour, alors que nous arrivions à la campagne, il a murmuré: ‘Je suis content.’ Cette parole, surgie de son brouillard, de son territoire minuscule de communication, je l’ai reçue comme un don.»

Ecrire à l’auteur: loris.musumeci@leregardlibre.com

Crédit photo: © Wikimedia Commons

Elisabeth de Fontenay
Gaspard de la nuit
Editions Stock
2018
133 pages

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