Le 2 mars dernier, un épisode de «Temps présent» évoquait le sujet des «transitions de genre». Intitulé «Détransition, ils ont changé de sexe et ils regrettent», l’émission – qui n’a pas manqué de déclencher la polémique – a le mérite de briser un tabou.
Niki, une femme de trente ans environ, n’a plus ni seins, ni utérus, ni ovaires. Elle a également subi un traitement hormonal afin de prendre l’apparence d’un homme. Ces changements irréversibles, Niki – qui témoigne anonymement – les regrette aujourd’hui: «Malgré que je n’aie rien d’une femme (sic), je sais que c’est ce que je suis, parce que je le suis malgré moi. Ce n’est pas un ressenti, c’est une biologie.» La Valaisanne fait partie du nombre toujours grand d’anciens transitionneurs qui en viennent à regretter leurs choix, condamnés souvent à en subir les conséquences jusqu’à la fin de leur vie.
Certains témoins de l’émission réalisée par la Radio Télévision Suisse (RTS) ne sont pas allés jusqu’à ce stade des mutilations. Ils n’ont entamé qu’une «transition sociale», qui consiste par exemple à changer de sexe à l’état civil, changer de prénom ou encore porter un binder (vêtement qui comprime la poitrine pour la dissimuler). Tous, néanmoins, ont en commun d’avoir connu, un jour, une grande détresse dont ils ont pensé que la cause était le fait d’être né «dans le mauvais corps».
Une fuite en avant
Le reportage met en avant la facilité avec laquelle les jeunes en «questionnement de genre» peuvent avoir accès aux «thérapies de changement de sexe». Parmi les faits les plus marquants: en Suisse, à douze ans déjà, la prescription de bloqueurs de puberté est possible; à quinze ans, l’ablation des seins et un traitement hormonal sont autorisés. De quoi désarçonner certains parents, démunis devant les revendications de leur enfant. De plus en plus de parents, mais aussi de scientifiques, tentent aujourd’hui de dire leurs inquiétudes sur le sujet.
A lire aussi, en libre accès sur bonpourlatete.com | Trans, détrans: alertes pour un scandale annoncé (par Anna Lietti, octobre 2021)
Le reportage confirme aussi l’importance démesurée des réseaux sociaux dans les questions de genre. Très tôt, et très facilement, ils mettent les jeunes en contact avec la «propagande trans», selon les mots de la mère d’une préadolescente qui souhaite changer de sexe. Ce à quoi il faut ajouter l’omerta qui règne sur le sujet. Un enseignant vaudois doit témoigner anonymement, craignant de perdre son emploi. Les détransitionneurs qui regrettent leur choix disent être harcelés par le milieu trans. Et les journalistes de «Temps présent» regrettent de n’avoir trouvé chez les professionnels de la prise en charge des jeunes trans aucun interlocuteur acceptant de parler face caméra. Un reportage à regarder, absolument.
Ecrire à l’auteur: antoine.bernhard@leregardlibre.com
Vous venez de lire un article en libre accès tiré de notre dossier WOKISME. Débats, analyses, actualités culturelles: abonnez-vous à notre média de réflexion pour nous soutenir et avoir accès à tous nos contenus!