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Le mythe fondateur du libéralisme économique4 minutes de lecture

par Antoine-Frédéric Bernhard
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Photo: Massimiliano Latella (via Unsplash)

Dans un texte assez rarement évoqué, paru pour la première fois en 1705, Bernard Mandeville exposait certains thèmes centraux de ce qui deviendrait le libéralisme économique. Plongée dans La Fable des abeilles.

On connaît les fables de La Fontaine, et leurs morales. On connaît moins La Fable des abeilles, composée au début du XVIIIe siècle par un médecin né aux Pays-Bas, descendant de huguenot, ayant passé toutefois la majeure partie de sa vie en Angleterre: Bernard Mandeville. Le cœur de l’ensemble de textes publié sous le titre de Fable des abeilles est un poème intitulé «La ruche murmurante ou les fripons devenus honnêtes».

Il évoque une ruche prospère, dont les abeilles vivent dans une «heureuse abondance». Seulement, dans cette étonnante société, le vice le plus crasse est omniprésent: égoïsme, gloutonnerie, corruption, etc. «Les médecins, peut-on lire, préféraient la réputation à la science et les richesses au rétablissement de leurs malades.» Et le narrateur d’ajouter quelques lignes plus loin: «Qui pourrait détailler toutes les fraudes qui se commettaient dans cette ruche?»

Le plus étonnant ici, c’est que le poème de Mandeville est très clair sur l’origine de la prospérité de la ruche. Elle ne se fait non pas malgré les vices des abeilles, mais bien grâce à eux: «Les vices des particuliers contribuaient à la félicité publique. Dès que la vertu, instruite par les rusés politiques, apprenait mille heureux tours de finesse et se liait d’amitié avec le vice, les plus scélérats faisaient quelque chose pour le bien commun.»

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Un jour seulement, par un décret divin, les abeilles sont rendues toutes vertueuses. Et alors que le vice déserte la ruche, tout l’ordre préexistant qui avait amené richesse et félicité s’effondre. La ruche, autrefois prospère, finit pauvre et misérable.

L’intérêt que l’on peut porter à ce texte se justifie par le fait qu’on peut y reconnaître, sous une forme littéraire et caricaturale, bien des thèmes centraux du libéralisme économique. Dans la ruche de Mandeville, les comportements vicieux s’harmonisent et produisent un ordre nouveau que personne n’a planifié, mais qui naît spontanément. Le rapprochement avec la «main invisible» d’Adam Smith n’est pas compliqué à faire, ni même avec son idée d’amour de soi (self-love), centrale dans son analyse des comportements humains.

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Plus généralement, c’est bien une sorte d’ordre spontané, concept cher au cœur de bien des libéraux, qu’illustre La Fable des abeilles. D’où l’intérêt tout particulier accordé par Friedrich Hayek, au XXe siècle, au travail de Mandeville.

Ecrire à l’auteur: antoine.bernhard@leregardlibre.com

Vous venez de lire un compte-rendu en libre accès, contenu dans notre dossier LIBÉRALISME, publié dans notre édition papier (Le Regard Libre N°111). Débats, analyses, actualités culturelles: abonnez-vous à notre média de réflexion pour nous soutenir et avoir accès à tous nos contenus!

Bernard Mandeville
La Fable des abeilles. Première partie

Trad. de l’anglais par Lucien Carrive et Paulette Carrive
Vrin, coll. « Bibliothèque des Textes Philosophiques »
Décembre 1998 [1714]
288 pages

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