Chaque semaine ou presque, un journal à grand tirage ou une radio ou TV à forte audience consacre un sujet à un abus sexuel, un enlèvement ou un cas de placement touchant un enfant. Le hic? Seuls des dossiers retenant la douleur de la mère y sont traités. Choquant.
L’arrestation de la mère de Camille, le kidnapping des jumeaux à La Chaux-de-Fonds ou, plus récemment, l’affaire Bénédicte, le rapt d’un enfant par son père libanais ou la dénonciation par une mère d’attouchements de la part du fils de la nouvelle compagne de son ex-mari: vous avez certainement pris connaissance, par la presse ou un autre média, de l’un de ces faits divers. Et qu’ont-ils tous en commun? Le positionnement de la mère au centre de l’attention. Si cela n’est pas problématique en soi, car une maman veille et se doit de veiller au bien-être de sa progéniture, le fait que les plus grands acteurs médiatiques romands privilégient ou prennent son parti à tout prix, peu importe la réalité de la situation, l’est bien plus.
Ainsi, le principal journal lémanique a soutenu, dès son arrestation et jusqu’à la fin du procès, une mère responsable d’avoir enlevé sa fille pendant plus de dix ans, sans preuve aucune d’un quelconque méfait d’ordre sexuel du père. La Radio Télévision Suisse (RTS), via son émission «Mise au Point», a présenté le départ vers l’Espagne des deux enfants de La Chaux-de-Fonds comme un rapt paternel, alors que la mère avait kidnappé ses enfants pour les emmener en Suisse deux ans plus tôt. La Tribune de Genève et 24 heures ont détaillé un autre enlèvement international, celui donc d’un garçon par son père vers le Liban, alors qu’aucune ligne n’est jamais accordée à ces rapts s’ils sont commis par des mères (en étant pourtant autrices dans 80% des cas selon diverses études scientifiques de valeur). Une ligne éditoriale choisie en partie par féminisme, en partie par mercantilisme, qui exaspère par son manque d’honnêteté.
Deux poids, deux mesures
Hélas, le mal est plus profond encore et s’attaque aussi à d’autres thématiques relatives à la vie de couple ou de famille. Si la violence conjugale est bien documentée dans l’actualité, on parle essentiellement de sévices envers les femmes (allant même jusqu’à créer le terme de féminicide lorsqu’ils sont fatals), alors que, selon l’Office fédéral de la statistique (OFS), elles se rendent coupables d’environ 30% des épisodes, violence psychologique non prise en compte. Comprenez-moi bien : toute agression est inexcusable, intolérable et punissable, mais il s’agit de rester objectif.
Autre pierre d’achoppement, les finances. Est-il acceptable que la RTS, encore elle, construise un sujet de son «12h45» sur l’abandon par le Canton de Vaud du principe de solidarité fiscale entre ex-époux autour du témoignage d’une femme, alors que la chaîne ignore depuis toujours les gros problèmes financiers, voire la ruine, de nombreux pères dans le cadre de leur procédure de séparation ou de divorce? Poser la question, c’est y répondre.
Il n’y a qu’une information pondérée, non biaisée et véritablement égalitaire qui permettra de créer l’équilibre dont femmes et hommes ont besoin au quotidien. Pourquoi inclure encore chaque jour au moins un sujet féminin dans le sommaire d’un journal, à quoi cela sert-il d’attiser les rumeurs envers un père, alors que l’enquête n’a même pas débuté (pensons au drame familial d’Yverdon de mars 2023)? Tout cela ne fait que conforter un féminisme vindicatif, aussi égoïste et stérile que ce qui était pratiqué par certains hommes aux siècles passés.
Pascal Gysel est président et responsable de la communication du Mouvement de la condition paternelle Vaud (MCPV).