Le Regard Libre a mené un sondage pour comprendre ce qui motive son équipe entièrement bénévole à s’engager depuis plus de dix ans et cent numéros. Bien que spécifique, notre expérience offre des pistes utiles pour d’autres initiatives.
Avec 56,5% de sa population active dans une association, la Suisse fait partie des pays avec le plus haut taux de bénévolat au monde – sans compter l’engagement de milice dans l’armée ou la politique, qui est un pendant de ce tissu associatif. Bien que cette participation soit restée stable sur les vingt dernières années, l’Observatoire du bénévolat suisse a noté en 2020 un déplacement des intérêts des bénévoles, du sport au secteur culturel.
Cette évolution pourrait résulter d’une quête de sens, notamment chez les jeunes générations, qui peinent à le trouver entièrement dans leur travail rémunéré. C’est du moins ce que suggère le premier résultat de notre enquête, à laquelle a participé une partie significative de l’équipe du Regard Libre: la principale motivation de ses bénévoles réside dans leur adhésion à un projet qui porte des valeurs fortes, telles que le débat ouvert, le pluralisme des idées ou encore l’engagement démocratique.
Bénévolat ne signifie pas absence d’avantages
Si la mission et les valeurs sous-jacentes restent centrales, les récompenses non financières de l’engagement des bénévoles ne sont pas négligeables. Les contributeurs du Regard Libre bénéficient ainsi de divers avantages qui enrichissent leur expérience, comme une visibilité accrue sur les plateformes du magazine qui valorise leur profil et élargit leur réseau.
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De plus, les compétences acquises au cours de leur engagement, notamment grâce à des formations et à des conseils de journalistes professionnels, peuvent être mises à profit sur le marché du travail. L’accès à des événements et le remboursement de certains frais de fonctionnement sont également des facteurs d’attractivité.
Intégrer le bénévole dans son organisation
L’enthousiasme et le temps disponible du bénévole culminent au moment de son intégration. Les responsables de l’association doivent donc saisir cette opportunité pour clarifier les avantages offerts et les attentes précises, ainsi que présenter l’ensemble des outils à sa disposition. Un processus d’onboarding bien réalisé et un accueil chaleureux sont indispensables.
Formaliser cet engagement par un accord écrit – même non légalement contraignant – peut renforcer le sentiment d’appartenance et clarifier les responsabilités. Par ailleurs, l’adoption d’outils de communication efficaces simplifient considérablement la gestion quotidienne. Il est crucial, lors de l’intégration, de s’assurer de l’accès du bénévole à ces outils pour éviter toute perte de temps et d’énergie ultérieures, qui pourraient déboucher sur une perte de motivation.
Maintenir l’engagement du bénévole
Les bénévoles partent lorsqu’ils se sentent surchargés. Par conséquent, une gestion efficace de leur temps fait toute la différence. Il est essentiel pour la structure associative de constituer un petit comité particulièrement engagé qui prend en charge les tâches financières, organisationnelles et promotionnelles du projet. Cela, afin de permettre aux bénévoles de se dédier pleinement aux activités dans lesquelles ils prennent du plaisir.
Ce comité, dont le mandat est défini par l’assemblée générale, se porte garant du développement du projet, en partageant clairement sa vision et son évolution, ouvrant ainsi régulièrement la voie à de nouvelles opportunités pour les membres de l’association. Toutefois, afin que ces derniers se sentent impliqués dans les processus de décision, le comité peut les consulter à travers des outils comme des sondages, ou en organisant des sessions interactives ponctuelles, lors des réunions de groupe.
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Le succès du travail non rémunéré se mesure avant tout à la satisfaction qu’il apporte à celui qui le fournit et aux liens qu’il lui permet de tisser. Il est donc important pour un responsable de projet de rester flexible et de maintenir un contact régulier avec la base de l’association pour identifier et adresser toute baisse de motivation, en ajustant sa charge de travail si nécessaire. Il est parfois préférable qu’un bénévole réduise son engagement – voire se retire du projet – plutôt qu’il n’affecte négativement le reste de l’équipe par effet de contagion, auquel les projets non lucratifs sont particulièrement vulnérables.
Ecrire à l’auteur: yann.costa@leregardlibre.com