Avec un style unique et indescriptible, le groupe français La Femme a offert au public un spectacle hors du temps lors du premier soir de la 45e édition de Paléo, le mardi 19 juillet, à Nyon. Impressions.
Après quelques premiers concerts et des heures de déambulation au fil des stands de nourriture, nous voici à 1h du matin le soir du 19 juillet devant la nouvelle scène de Paléo, la Véga, à attendre La Femme. Le groupe fait son apparition au milieu d’effluves de fumée, tous les membres vêtus de costumes droits, blancs et très formels.
Comme des petits soldats, ils nous proposent un spectacle empli de douceur et, en même temps, un exutoire sans complexe. Si déjà le style de ce groupe s’apparente difficilement à un autre, les différents morceaux ne se rapprochent que très vaguement les uns des autres: la variété de ce groupe rend alors ce concert presque lunatique.
A lire aussi | Les rêveries du paléologue solitaire
Un joyeux désordre
Avec un air détaché, les artistes de La Femme exécutent leur spectacle morceau après morceau, tout en incarnant la personnalité du groupe pour donner lieu à un joyeux désordre. Derrière ce chaos, on observe tout de même une orchestration digne d’un rouage mécanique, sans l’être trop pour autant: la spontanéité et les sourires sont présents en toile de fond de tout le concert.
A l’écoute des morceaux et à la vue de leur performance, on pourrait presque se demander si le groupe se prend totalement au sérieux: après tout, une bonne dose de second degré ne fait jamais de mal à personne. Leur tenue et leur allure donneraient presque à penser qu’ils se tiennent devant nous pour une simple animation distraite et discrète, alors que le spectacle déborde d’extravagance – on ne comprend pas tout. Mais ce n’est peut-être pas plus mal, au fond.
Un public uni malgré tout
Parmi la foule, des spécimens d’horizons différents se dessinent. Or, chacun semble se divertir face à ce spectacle «badant», comme le dit un spectateur au premier rang. Tout le monde prend alors au pied de la lettre les mots de l’un des chanteurs: «Ce soir, c’est la fête!».
Aussi la foule s’agite-t-elle. Ou se calme, selon les morceaux. On observe des spectateurs à perte de vue, débordant de tous les côtés en face de la scène. Entre les personnes connaissant les paroles par cœur, les fous furieux qui sautent à la moindre occasion ou encore les enfants, l’hétérogénéité du public et l’homogénéité des sourires font du bien à voir.
Après avoir mis le feu à la foule avec par exemple, le morceau Sur la planche 2013, le groupe offre des morceaux plus calmes sur la fin du concert. Malheureusement pour La Femme, le public fatigue et s’éparpille gentiment. La chaleur ou l’heure déjà tardive ont peut-être eu raison des festivaliers. Après un ultime morceau énergique, mais difficile à suivre, nous avons droit à un lancer de vinyles! L’un des membres du groupe débarque en courant des coulisses avec un paquet de disques qu’il jette fougueusement parmi un public essoufflé. Une réussite.
Ecrire à l’auteure: erica.berazategui@leregardlibre.com
Image d’en-tête: Le groupe français La Femme au Paléo Festival le 19 juillet 2022 © Paléo / Laurent Reichenbach
Vous venez de lire un article en libre accès. Débats, analyses, actualités culturelles: abonnez-vous à notre média de réflexion pour nous soutenir et avoir accès à tous nos contenus!