Après avoir fait trembler le sol du Dôme de Paléo le 20 juillet, trois membres du groupe TechnoBrass, Clément, Tom et Marcelo, ont partagé un moment avec Le Regard Libre: entre cuivres, percussions et électro, rencontre avec ce groupe né au Brésil.
Le Regard Libre: En quelques mots, comment décrivez-vous votre style de musique?
Notre groupe, composé d’un Argentin, de deux Français et de quatre Brésiliens, propose de la musique électronique jouée avec des cuivres, des percussions et des machines.
Comment est né TechnoBrass?
Nous étions déjà tous amis avant d’être un groupe et nous jouions ensemble pour la scène musicale alternative de Rio. Plus précisément pour le carnaval alternatif de Rio. Nous participions ensemble à des jam, des impros dans la rue et nous nous sommes rendus compte, en 2017, que le mélange entre cuivres, percus et électro fonctionnait bien pour le public du carnaval. C’est de là que vient notre répertoire: des rencontres urbaines nocturnes improvisées. Nos morceaux sont ensuite retravaillés en studio, mais notre univers est issu de cet environnement. Ce sont nos musiques à tous que nous jouons, pas celles de quelqu’un d’autre ou d’un compositeur parmi nous: c’est ce qui fait notre force.
Peut-on dire que les instruments que vous utilisez et l’aspect électro de votre univers sont opposés?
Pas opposés, mais complémentaires. C’est un peu comme une recette de cuisine: selon la façon dont on prépare et présente une recette, des aliments qui, à première vue, peuvent sembler ne pas aller ensemble offriront quelque chose de bon! Nous nous inspirons, nous rapprochons et cassons les codes de l’univers électro, notamment pour les loops, tout en y ajoutant des racines brésiliennes. Finalement, ce qui regroupe nos différentes inspirations, c’est l’euphorie collective. Et elle est présente physiquement dans beaucoup de genres musicaux par une succession de tensions et de relâchements: le mécanisme de base est le même.
Le public était au rendez-vous hier. De votre côté, comment s’est passé le concert?
C’était un très bon show! Ce n’était pas le meilleur que nous ayons pu jouer en termes d’exécution, mais il y avait plus de gens que ce que nous pensions et une belle énergie.
Cela signifie qu’un bon concert ne se résume pas à bien jouer sur scène?
Absolument. Certes, nous contrôlons notre musique et en l’occurrence hier, nous n’étions pas au top pour plusieurs raisons. Notre saxophoniste notamment n’était pas en forme, il s’est rendu chez le dentiste pour une rage de dent tout récemment. Mais il y a énormément de facteurs que nous ne contrôlons pas pour qu’un spectacle fonctionne; cela fait partie du jeu.
Quels types de facteurs?
Le temps qu’il fait, la taille de la scène, la réactivité et l’énergie du public… C’est à nous de comprendre que nous ne pouvons pas contrôler tout ça et que nous devons faire avec. L’heure à laquelle nous jouons est aussi importante: nous préférons généralement jouer tard et pourtant hier, c’était en début de soirée et ça s’est super bien passé! Nous n’avons pas d’ingé lumière en tournée avec nous alors, l’éclairage qu’on nous propose peut nous mettre à l’aise ou, au contraire, nous déstabiliser. Notre influence sur la qualité des concerts a des limites. Et ces facteurs qui ne sont pas à notre portée influencent presque plus nos concerts que notre qualité de jeu.
En parlant d’énergie du public: quels genres de personnes assistent à vos concerts?
Beaucoup de personnes différentes! Parfois des raveurs, des gens plus âgés, des familles… C’est une grande fierté pour nous d’être validés par des publics différents. Toutes ces personnes entrent dans le concert à des rythmes différents. Notre objectif est de faire voyager le public, de le faire danser et lâcher prise. Nous gagnons tout si nous arrivons à le faire sortir du quotidien: nous essayons de raconter une histoire et de le plonger dans notre univers. C’est plus simple d’atteindre cet objectif pendant un festival. Les gens sont à fond et présents rapidement. Le public de fête de village ou en salle est plus difficile à attraper. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’apprécie pas.
C’est-à-dire?
On peut prendre exemple sur le public parisien. Il est quand même assez snob et intellectuel. En général, il ne danse pas: les gens nous regardent attentivement et dandinent de la tête sans se lâcher. Mais après coup, les retours sont positifs. En toute humilité, il faut dire que nous arrivons à toucher beaucoup de monde. Aux débuts du groupe, nous avons eu l’occasion de faire des concerts devant des personnes plus âgées mais même là, on sentait qu’on les attrapait! Ce sont des gens qui ont des a priori négatifs sur la techno, mais puisque nous jouons avec des instruments et pas uniquement avec des boutons, ils apprécient.
Intéressant!
D’ailleurs, une autre fois, au Brésil, nous jouions devant un public qu’on peut qualifier de playboy & bimbo en pleine après-midi, lors d’une soirée pour des gens très friqués pendant le carnaval. Les conditions n’étaient pas idéales, il faisait très chaud, le public était loin dans une piscine et au bar dans une ambiance artificielle et snob. On avait l’impression que c’était un flop. Et pourtant, les gens ont bien aimé… même s’ils étaient trop occupés à se regarder parmi pendant le concert!
Le groupe se produira au festival Chant du Gros le vendredi 8 septembre prochain.
