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Politique

Edito

Débattre oui, mais pas n’importe comment4 minutes de lecture

par Antoine-Frédéric Bernhard
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Antoine-Frédéric Bernhard, rédacteur en chef adjoint du Regard Libre. Dessin de Nathanael Schmid

Débattre en politique exige de distinguer entre ce qui relève des principes et ce qui relève de la pratique, pour éviter à la fois l’idéologie pure et la technocratie.

La politique est affaire autant de théorie que d’action. Les acteurs politiques, en particulier les gouvernants, doivent constamment prendre des décisions d’ordre pratique, et pour cela se baser sur des principes[1]. Or, les principes sont toujours abstraits et théoriques. Par conséquent, ils ne sont pas de nature à dicter immédiatement l’action. C’est la tâche même des hommes politiques que de passer, avec prudence, des principes universels aux actions particulières.

Ainsi, puisque la politique est inséparable du débat, particulièrement en démocratie, le débat politique a aussi ces deux versants essentiels. Du côté des principes, le débat intellectuel – un affrontement d’idées abstraites et philosophiques – voit s’affronter orientations philosophiques fondamentales, écoles de pensées et visions du monde parfois irréconciliables. C’est le débat fondamental, dans la mesure où il concerne la nature des choses (comme l’individu, ou l’Etat).

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De l’autre côté, le débat doit porter sur les décisions à prendre et les actions à mener. Ce type de débat est nécessaire à deux niveaux distincts. D’abord, il doit avoir lieu parmi ceux qui sont d’accord sur les principes, mais qui peuvent être en désaccord sur leur application. Ensuite, il doit avoir lieu parmi ceux qui sont en désaccord sur les principes, dans le but de forger des compromis. Deux positions de principes en apparence irréconciliables peuvent parfois coïncider dans les moyens pratiques qu’elles veulent se donner. C’est aussi ce débat qui répond à la nécessité de s’accorder sur une position qui puisse satisfaire, partiellement au moins, une majorité des partis en présence.

S’il faut garder à l’esprit cette distinction entre deux aspects essentiels de la politique, et donc du débat politique, c’est pour éviter d’en faire une caricature d’elle-même, dans un sens comme dans l’autre. Si elle se fait trop théorique, la politique devient idéologique et se réduit, dans la pratique, à un affrontement verbal d’idées qui a pour résultat un mauvais débat, et une mauvaise politique. Si elle prétend se faire seulement pratique, la politique se mue en technocratie, qui n’est qu’un de ses avatars dénaturés prétendant faussement se passer de principes, alors qu’il ne fait que dissimuler les siens.

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Dans les faits, l’alternative ne se présente jamais en des termes aussi clairs. Pour autant, la comprendre reste un outil précieux pour cerner la nature des débats politiques, souvent faits d’une intrication extrêmement complexe de sous-problèmes, les uns plutôt pratiques, les autres théoriques. C’est le cas, sans doute, de toutes les grandes oppositions caractéristiques de la politique moderne: libéralisme contre socialisme, libre-échange contre protectionnisme, conservatisme contre progressisme, et ainsi de suite.

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Il est donc primordial de formuler au mieux les débats, de les décortiquer en autant de sous-questions qu’il est nécessaire, afin d’en assurer la qualité. C’est le rôle des médias, entre autres, que de faire ce travail préalable et, si possible, d’être ensuite le lieu de discussions fécondes. C’est en tout cas le rôle que nous nous sommes donné au Regard Libre.

Ecrire à l’auteur: antoine.bernhard@leregardlibre.com

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[1] Même le cynique qui agit dans le seul but de s’enrichir agit en fonction d’un principe qui motive ses actions : s’enrichir, précisément.

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