Le 28 février 2022, la Suisse créait la surprise en décidant d’appliquer à son tour les sanctions européennes contre la Russie. Ce renoncement de fait à une certaine neutralité a engendré une crise du discours politique, notamment au plus haut niveau. Analyse.
Ignazio Cassis fut, pendant son année à la présidence de la Confédération, le symbole d’une neutralité suisse en crise. Dès les premiers jours de l’attaque russe contre l’Ukraine, le Tessinois se démarquait lors d’une allocution aux accents peu neutres: «La Suisse est résolument du côté de la justice contre l’injustice, du côté de l’humanité contre la barbarie, du côté de la démocratie qui a été attaquée sans aucune raison». Traduction: la Suisse est du côté de l’Ukraine, contre la Russie. Certes, il n’y avait là ni renoncement officiel de la Suisse à sa neutralité ni atteinte grave au droit de la neutralité. Ce discours posai