Le Regard Libre N° 3 – Sébastien Oreiller
Il est à déplorer, à l’issue d’une enrichissante semaine Babel pourtant promue chantre du langage unificateur, que la notion même d’intégration ait été privée d’exégèse. Tant de conférences, d’étymologie si peu. « O tempora, o mores ! » Comment les Grecs et les Romains auraient-ils jugé notre manière d’appréhender la cohésion sociale ? Suspecte sans doute. Petite anamnèse : le mot intégration dérive directement du verbe latin integro, réparer, renouveler. Ici, rien à voir avec les candides concepts de pédagogues débonnaires : dès le départ, nous avons affaire à une sémantique médicale, presque chirurgicale. Pour les Anciens, il n’y a point d’intégration sans fracture.
Commençons par les Hellènes. Le Manuel des Etudes Grecques et Latines, de L. Laurand, véritable référence en la matière, nous indique de prime abord que « tous les habitants d’Athènes et de l’Attique ne sont pas citoyens ». Ne peuvent prétendre à cet honneur que « les descendants des anciennes familles attiques ou ceux qui ont obtenu le droit de cité d’Athènes ». Les autres sont les métèques, des hommes libres sans droits civiques, et bien sûr les indispensables esclaves ; quant aux femmes, elles n’avaient pas de rôle politique mais transmettaient la citoyenneté.