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Corées : après l’aversion, l’espoir4 minutes de lecture

par Hélène Lavoyer
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Les lundis de l’actualité – Hélène Lavoyer

Le monde entier retenait son souffle vendredi dernier. Les Coréens des deux pays plus intensément encore. Après avoir souffert des nombreux combats survenus aux XIXe et XXe siècles et après septante-cinq ans de séparation officielle, l’espoir d’une ère de paix et la possibilité d’une collaboration entre les deux parties semble aujourd’hui réaliste.

Kim Jong-Un a traversé tout sourire la frontière de béton entre la Corée du Nord et son voisin du Sud. Acte surprenant, le dirigeant nord-coréen a invité Moon Jae-In à faire de même. La force symbolique de cet acte augmente les espoirs de collaboration et de paix. Retour sur cet événement et coup de projecteur sur le passé des deux Corées.

Victimes des conflits internationaux

L’histoire de la Corée, des Corées et de leurs relations, s’avère investie d’acteurs extérieurs et multiples. En effet, elle est liée à celle du Japon, de la Russie, de la Chine et des Etats-Unis. D’abord vassale de l’Empire chinois et prônant une politique isolationniste, la Corée peut sortir de sa relation de subordination à la Chine grâce au traité de Ganghwa signé avec le Japon.

Malgré tout, la révolte paysanne qui survient en 1894 en Corée force son roi, Kojong, à appeler la Chine à l’aide. Chinois et Japonais se trouvent sur le sol coréen, et plus aucun pays n’accepte de laisser sa place à l’autre. C’est là que la première guerre sino-japonaise trouve son origine. Un conflit qui, à l’instar de la guerre russo-japonaise, aura principalement lieu sur le sol coréen.

La Corée semble donc être la victime de décisions extérieures et ballotée entre une politique et une autre, sans imposer sa propre volonté. Sous protectorat japonais, puis totalement annexé en 1907, le peuple coréen souffre de famine et d’exploitation. A l’issue de la Seconde Guerre mondiale, le pays est divisé entre la Russie et les Etats-Unis, qui l’ont soustrait de l’autorité japonaise.

La guerre de Corée

L’URSS tient le Nord, les Etats-Unis le Sud. Une nouvelle fois, les choix concernant cette séparation sont issus des relations entre deux pays extérieurs à la Corée : les Etats-Unis conviennent d’effectuer des élections démocratiques en Corée, événement refusé par l’URSS, considérant que cette proposition de l’ONU est dirigée en faveur des Etats-Unis.

Des élections libres sont donc effectuées en 1947 dans la zone sous occupation américaine. En Corée du Nord, les élections influencées par l’idéologie communiste que la politique de l’URSS a propagée amène Kim Il Sung – grand-père de l’actuel dictateur – au pouvoir.

Dans une volonté d’unir les deux pôles coréens sans parvenir à un accord sur le dirigeant qui restera au pouvoir, la guerre de Corée éclate en 1950. S’en suivra la mêlée de troupes étrangères – notamment canadiennes, américaines ou australiennes – au conflit, désireuses de sauver la partie sud du pays. La Chine, quant à elle, viendra en aide à la Corée du Nord. A l’issue de cette guerre, la frontière se stabilise en celle que nous connaissons aujourd’hui.

Aversion et accalmie entre les deux Corées

Depuis, la frontière entre les deux Etats se voit extrêmement gardée et, au gré des fluctuations de la relation entre le Sud et le Nord, la propagande contre l’un ou l’autre pays s’intensifie ou s’apaise. Les essais nucléaires de 2016 ont par exemple attisé la colère du gouvernement sud-coréen, qui a augmenté la proportion de messages « anti-RPDC » à la frontière.

Les relations entre les deux pays, devenues froides, impliquent des lois concernant directement les habitants – notamment la loi de sécurité nationale sud-coréenne interdisant toute relation entre habitants du sud et du nord sans autorisation préalable du gouvernement.

Elu en 2017, le président sud-coréen Moon Jae-In a usé de sa patience et de sa détermination dès son élection. A plusieurs reprises, il annonçait son désir de voir les relations entre les Corées arriver à un accord de paix définitive. Déjà lors des Jeux Olympiques d’Hiver ayant eu lieu à Pyeongchang (Corée du Sud), l’entente des deux parties semblait s’améliorer ; les représentants des deux Corées marchaient sous la même bannière et ont joué ensemble le tournoi de hockey sur glace féminin.

Déclaration optimiste et sourires partagés

La réputation quasi diabolique des dirigeants nord-coréens depuis de nombreuses années en Occident et sa présence au sein des médias du monde entier explique en partie la fascination et l’intérêt suscité par la rencontre de vendredi. Mais les relations qu’entretiennent les deux pays au niveau international – notamment avec la Chine et les Etats-Unis – confirment qu’il s’agit d’un entretien d’une importance capitale au niveau politique.

Ainsi, vendredi s’est signée la Déclaration de Panmunjeom pour la Paix, la Prospérité et l’Unification de la Péninsule Coréenne. La bonne volonté des signataires se manifestera d’un côté par l’arrêt de la distribution de tracts anti-RPDC ainsi que des annonces des haut-parleurs à la frontière. De l’autre, l’accord annonce la fin de la guerre froide et des actes hostiles envers l’une ou l’autre des parties. Face à ce moment historique, le monde entier est plongé dans l’espoir de contractants tenant leurs promesses.

Ecrire à l’auteur : helene.lavoyer@leregardlibre.com

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