Les lundis de l’actualité – Clément Guntern
Lundi 2 mars, les citoyens israéliens ont été appelé aux urnes pour la troisième fois en un an, un record dans l’histoire du pays. Par deux fois, les électeurs ont tenté de donner assez de force à l’un des partis pour gouverner enfin le pays, sans succès. Ce fut une campagne bien morne et répétitive qui n’a de loin pas suscité d’enthousiasme de la part de la population. Il faut dire, d’une part, que les partis n’ont pas proposé quelque chose de différent entre les trois scrutins et qu’il n’existe que très peu de différences entre les programmes du parti du premier ministre de droite, Benjamin Netanyahou, et celui de son rival, un peu plus au centre, Benny Gantz. D’autre part, l’opinion publique israélienne, de l’avis de certains commentateurs, n’est pas de celle à changer d’avis et de parti, si bien que très peu de mouvements de voix entre partis ont été enregistrés. Voilà de quoi donner l’image d’une scène politique figée et une absence totale de dynamique politique.
C’est donc le parti du premier ministre sortant qui a obtenu le plus de sièges à la Knesset, mais il n’est pas encore certain qu’il puisse former un gouvernement avec sa coalition seule; le tout dans une atmosphère générale de presque indifférence internationale. Et ce n’est pas la faute du coronavirus! Car rien ne semble devoir bouger dans le pays ou dans la région, que ce soit en politique israélienne ou à propos de la question palestinienne.
Un plan qui n’a pas suscité de réaction
En début d’année, le plan proposé par le gouvernement américain, et particulièrement par le gendre du président Trump, n’a pas non plus suscité de grandes réactions de la part des pays arabes ou des pays membres de l’Union européenne. C’est ainsi dans une apathie générale, une indifférence à l’égard de la situation dans la région et une lassitude toujours plus grande pour la question palestinienne que le sort de ce petit coin du Proche-Orient semble se décider.
Car même en territoire palestinien, les réactions n’ont pas été très vives face au plan Trump. Celui-ci propose, certes, la création d’un Etat palestinien en version émiettée, mais surtout l’annexion par Israël de larges portion de la région et de la frontière avec la Jordanie voisine. En temps normal, les pays arabes et tous les Palestiniens auraient hurlé au scandale face à ce plan américain. Mais là, même lors de la présentation du plan à Washington, quelques petites monarchies du Golfe étaient présentes pour applaudir la victoire de Netanyahou.
Un constat d’échec
La solution américaine n’impose rien de moins aux Palestiniens que la vision de leur échec depuis 1948: ils n’ont pas su s’opposer aux Israéliens et ce plan marque leur défaite quasi définitive. Même si les Etats-Unis savaient que jamais les Palestiniens n’allaient accepter ce plan, dans l’esprit de Trump cet accord est à prendre ou à laisser: plus ils tarderont à accepter leur défaite, plus les conditions de leur reddition seront strictes.
Les Etats arabes sont pris dans un dilemme duquel ils ne peuvent sortir qu’en feignant de s’indigner: d’un côté, leurs opinions publiques sont encore attachées à la cause palestinienne et de l’autre, ils craignent les réaction erratiques de Donald Trump. Ce plan, qui avait plus fait l’effet d’une annonce électorale parmi les électeurs israéliens, devra attendre la mise sur pied d’un nouveau gouvernement.
De toute manière, il est certain qu’Israël va annexer ses colonies et certains à droite pensent même qu’il ne faut pas le faire dans le cadre du plan Trump, car il accorderait tout de même un Etat aux Palestiniens. Reste à savoir ce que les Etats-Unis et Israël comptent faire de la Palestine, organisation en faillite virtuelle, sans moyen d’action et dont l’économie est totalement dépendante de l’Etat juif. Il ne faudrait tout de même pas que ces trois à quatre millions de Palestiniens deviennent un fardeau pour Israël! De tout manière, le monde entier n’y voit plus d’intérêt.
Ecrire à l’auteur: clement.guntern@leregardlibre.com
Crédit photo: Wikimedia Commons