Les lundis de l’actualité – Léa Farine
François Hollande a renoncé. Il ne se présentera pas à la prochaine élection présidentielle. Enfin, un choix ! Enfin, de l’intransigeance ! Mais cette décision digne ne parvient pas à masquer la fadeur de son parcours présidentiel. Au contraire, par contraste, elle le fait paraître plus tiède encore.
Bien sûr, le président a été un mouton noir, un bouc émissaire. Comme dans la cour de récréation, quand un individu devient la parfaite victime de l’agressivité de tous les autres, François Hollande a pâti d’une opinion publique qui se nourrit elle-même autant qu’elle se nourrit des faits. Pour cette raison, et sans pour autant faire preuve d’hypocrisie comme j’ai pu le lire parfois, je pense qu’il est déraisonnable de se moquer d’un chef d’état, tout incompétent soit-il, en apparence. Dès lors qu’on entend faire preuve d’esprit critique, il faut analyser. Analyser demande du temps et de la tempérance. Il est ainsi toujours plus facile de se rallier à l’appréciation de la majorité. Or, d’un point de vue réaliste, le président n’est pas et ne peut pas être seul responsable de la pauvreté de son bilan. Ce dont il a hérité pèse dans la balance. La conjoncture a son importance. Malgré toutes ces influences, le président de la France a assuré le service minimum et il doit être à tout le moins respecté pour cela.
Cependant il n’avait pas, il n’a pas, la stature d’un homme de pouvoir. Pourquoi ? Par excès de libéralité, crois-je, dans un sens métaphorique et non politique. Un grand homme est un homme entier, qui sait qu’il lui faudra être détesté par beaucoup pour ne pas être haï de tous. Bien qu’élu démocratiquement, il ne peut pas plaire à tout le monde et ne pas plaire à tout le monde est gage de cohérence. Or, François Hollande a dansé la gigue ; il a fait des promesses de gauche, mais agi en homme de droite ; il s’est tortillé comme une anguille pour répondre aux attentes du peuple français, sans finalement répondre à rien. Son bilan n’est pourtant pas si terrible, concrètement. La France n’a pas la tête sous l’eau. Le pays fonctionne toujours. Mais à cause de l’attitude son président, il a été privé pendant cinq ans d’un chef qui, quelles que soient ses valeurs, soit capable au minimum, par son seul rayonnement, de personnifier les qualités universelles de courage, d’intégrité et de liberté.
Il est difficile de demeurer entier dans un monde de plus en complexe, où face au gigantesque éventail des possibilités qui s’offrent, nous nous trouvons finalement désemparés. C’est pourquoi nous avons besoin de guides, d’exemples. Or, si même un président n’est pas capable d’incarner cet idéal, qui le peut ? La normalité est une faiblesse, une capitulation. Pour faire face à des enjeux tels que le réchauffement climatique ou la menace terroriste, c’est d’Antigones dont ce monde a besoin – pas de Hollandes.
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