A chaque fois que j’entends le mot «wokisme», cela me donne faim. Chacun y va de son imagination et met ce dont il a envie dedans, selon l’inspiration du moment. Un peu comme des carbonara: on y ajoute ce qui nous tombe sous la main, mais rarement les bonnes choses; des lardons ou du jambon à la place du guanciale, de la crème fraîche par tombées et du parmesan en lieu et place du pecorino. La carbonara est devenue une recette fourre-tout. Exactement comme le wokisme.
On utilise ce terme pour lui adjoindre tout ce que l’on veut critiquer, sans logique commune. L’écriture inclusive? Une conférence interrompue par des militants dans une université? Des livres passés sous la correction de sensitivity readers? Une galerie d’art qui censure sa propre exposition par féminisme? Pas besoin de s’échiner à remettre cela en perspective, on regroupe tout sous la bannière du wokisme et on part en croisade! Alex Mahoudeau, auteure de La panique woke, l’explique très bien: «C’est une définition qui se donne en creux, le woke est défini par les gens qui en parlent». En fin de compte, la seule différence entre une mauvaise carbonara et le wokisme, c’est la longueur des nouilles qui les composent.
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