Chaque mois, retrouvez la chronique d’une des personnalités qui nous font le plaisir de prendre la plume en alternance. Dans son billet, l’écrivain Quentin Mouron explore un thème d’actualité avec son tranchant habituel.
«Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit». Ainsi commence le vingtième poème d’amour de Pablo Neruda. C’est que tout poète a intimement affaire à ces deux éléments, la tristesse et la nuit, et qui sont la peinture dans laquelle il trempe ses pinceaux pour en tirer ses toiles les plus émouvantes. Le poète se plaint, le poète pleure – et avec lui, c’est toute l’humanité qui se plaint et qui pleure, et qui s’en trouve ainsi plus humaine. «J’ai imploré l’amour d’une douleur sonnante», écrit Maïakovski, rappelant ainsi que la nuit le poète n’est pas triste sans raison; il l’est bien souvent d’avoir aimé, de ne plus aimer, de