Les mercredis du cinéma – Virginia Eufemi
Dans ce troisième volet de la saga de vampires et autres monstres – et nous ne parlons pas de Twilight – le décor change. Nous retrouvons Dracula et sa bande d’amis célèbres tels que le monstre de Frankenstein, l’homme invisible, la momie et le loup-garou prêts à affronter de nouvelles aventures.
Une croisière inédite
Comme nous l’avions appris dans les précédents épisodes, Dracula gère l’Hotel Transylvanie, destination de vacances prisée par les monstres du monde entier souhaitant se reposer à l’abri des persécutions humaines. Car les créatures monstrueuses d’Hotel Transylvanie sont gentilles et craignent les humains, tout comme les Bob Razowski et Jacques Sullivan qui se cachaient dans les armoires de Pixar.
Mais Dracula est un bosseur au leadership développé qui en vient à délaisser sa famille pour son travail à l’hôtel. C’est alors que sa fille adorée Mavis décide d’embarquer tous les clients de l’hôtel et la famille dans une croisière inédite, la première organisée pour des monstres. Direction le triangle des Bermudes, mais une monstrueuse surprise les attendra tous au tournant.
Un humour tout public
Un des pouvoirs du dessin animé est sa capacité à repousser les limites du possible; il suffit de penser à l’extensibilité des Looney Tunes ou à leur immortalité largement acceptée. Les personnages d’Hotel Transylvanie sont aussi malléables et démontables, ce qui contribue à créer quelques situations hilarantes. Le véritable point fort de ce long-métrage d’animation est son humour. Les plus petits y trouveront des personnages comiques et déjantés et les plus grands des références rigolotes à l’actualité.
Par exemple, le film (depuis le premier volet) tourne autour du «zing» coup de foudre amoureux qui semble ne surgir qu’une seule fois dans la vie d’un monstre, d’où l’application «Zingr» – claire référence à Tinder – où l’on peut rencontrer sorcières et autres créatures.
Le spectateur de tout âge passe indéniablement un bon moment en compagnie de ces monstres attachants, pour qui l’amitié et la famille sont des valeurs importantes, et qui ont un potentiel comique qui nous est familier. Familier parce que l’humour d’Hotel Transylvanie 3 est un mélange réussi de légendaire fantastique et folklorique et de modernité et actualité. Nous retrouvions ces ingrédients déjà dans les long-métrages d’animation de l’ogre Shrek (2001), qui réunissaient la fable aux ambiances moyenâgeuses à des objets du quotidien.
Hôtel Transylvanie 3 semble également questionner avec humour des thématiques sociétales telles que le transhumanisme: l’illustre Van Helsing, qui depuis le roman de Bram Stoker donne la chasse à Dracula, est aujourd’hui tellement âgé qu’il est devenu un homme-machine repoussant et comique à la fois. Cela nous interroge sur la volonté de l’homme de pallier à sa mortalité grâce à la science et la technologie.
Epilogue dansant
Ce film d’animation, réalisé par Genndy Tartakovsky, explore avec tendresse le rapport entre un père veuf et sa fille: Dracula a élevé tout seul sa fille Mavis, avec laquelle il a tissé un lien très fort. Mais comment envisage-t-il la possibilité de reconstruire sa vie avec une autre femme? Est-ce que sa fille percevrait cela comme une trahison vis-à-vis de sa mère? Hôtel Transylvanie 3 fournit une belle réponse à ces interrogations.
Depuis le premier Shrek en 2001, nous avons remarqué une fâcheuse habitude à clore ces longs-métrages d’animation avec une grande fête où tous les personnages du film se réunissent pour danser au rythme de musiques actuelles. Nous le retrouvions à la fin des sympathiques Moi, moche et méchant (2010) et Hôtel Transylvania 3 respecte la tradition. Ce film joue toutefois avec la musique d’une manière inédite, en convoquant avec ironie des chansons très connues du passé ainsi que des sons dubstep actuels. Encore un aspect qui séduit les plus jeunes comme les adultes, qui ne pourront que «zinguer» Hôtel Transylvanie 3.
Ecrire à l’auteure: virginia.eufemi@leregardlibre.com
Crédit photo: © Sony Pictures
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