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Histoire

Chronique

Galba, César et la mémoire d’Octodure4 minutes de lecture

par Pascal Couchepin
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L’ancien conseiller fédéral Pascal Couchepin. Dessin de Nathanaël Schmid

Dans sa chronique, l’ancien conseiller fédéral partage une lecture qui l’a marqué. Ce mois-ci, il commente la bande dessinée Moi, Jules César.

En 57 av. J.-C., Servius Sulpivius Galba fut envoyé avec une légion par Jules César pour occuper l’accès sud du mont Joux, l’actuel col du Grand-Saint-Bernard. Galba avait l’intention de prendre ses quartiers d’hiver à Octodure, aujourd’hui Martigny. C’était sans compter sur les Véragres et leurs alliés de la région. César raconte dans son Histoire de la guerre des Gaules qu’un matin, par surprise, une troupe de Véragres, réunie discrètement durant la nuit, dévala la pente, attaqua le camp romain et obligea Galba à se retirer.

Le récit de cette retraite en bon ordre occupe un chapitre du De Bello Gallico. Etait-ce une demi-victoire, comme le prétend César, ou «une défaite plus glorieuse qu’une victoire», selon l’expression qu’utilisaient dans ma jeunesse nos maîtres pour qualifier l’issue de la bataille de Marignan? Toujours est-il que, grâce à cet épisode militaire, Martigny est entré dans l’Histoire. Le récit de la bataille est gravé, en latin, sur une paroi de marbre, à quelques pas de la Fondation Gianadda. Et Jules César, grace à Galba, est devenu un héros local de ma ville natale.

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La lecture de la bande dessinée Moi, Jules César de Montesquiou et Névil s’imposait. J’y ai pris du plaisir. Les dessins sont dynamiques, expressifs, et le scénario est respectueux de la vérité historique. La vie de César est romanesque à souhait… Peu de choses prédestinaient le jeune Jules César à un avenir glorieux. Certes, il était issu d’une grande famille romaine, les Juli, mais cette gens était en décadence, appauvrie.

Jules César, de surcroît, était affligé d’une voix de fausset. La République romaine était, elle-même, en péril, déchirée par des luttes intestines entre populares et optimates. Quelques écrivains marxisants virent dans cette situation un exemple de lutte des classes, mais leur interprétation est un anachronisme.

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César appartenait au camp des populares, qui s’appuyait sur le peuple face aux élites sénatoriales. Son enfance fut rude. Il apprit une chose qu’il pratiqua toute sa vie. Il ne faut jamais céder, il faut chercher, avec l’aide de la Fortune, une issue qui renverse une situation périlleuse. Il apprit aussi l’efficacité de la cruauté la plus extrême tout en pardonnant occasionnellement, lorsqu’il espérait de sa clémence un gain. Il mena une politique d’alliances matrimoniales, dans laquelle on se perd, mais qui fut habile et utile.

Finalement, César était en voie de l’emporter contre le parti adverse et son inspirateur, le vertueux républicain Caton. Mais une coalition hétéroclite d’optimates, de jaloux, de gents que César avait humilié, de républicains attachés à l’ordre traditionnel se forma. Et aux «ides de mars 44», César fut assassiné au Sénat. La suite se composa de guerres civiles dans tout l’espace dominé par Rome, dont sortit vainqueur un neveu de César, Octavien, qui devint César Auguste, le premier d’une série d’empereurs qui régnèrent quatre siècles en Occident et mille ans de plus en Orient.

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A quoi sert l’histoire? A nous distraire et a réfléchir sur les forces et faiblesses des régimes politiques confrontés aux changements de société, aux êtres humains, à leur sagesse et à leur folie.
Caveant consules!

Pascal Couchepin, ancien conseiller fédéral, partage chaque mois une lecture qui l’a marqué. Vers ses précédentes chroniques

Vous venez de lire une chronique en libre accès, publiée dans notre édition papier (Le Regard Libre N°118). Débats, analyses, actualités culturelles: abonnez-vous à notre média de réflexion pour nous soutenir et avoir accès à tous nos contenus.

Alfred de Montesquiou (Auteur) et Névil (Dessins)
Moi, Jules César
Allary
Avril 2025
253 pages

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