Le Regard Libre N° 36 – Jonas Follonier
Le jeudi 15 février dernier s’est tenue à la Bibliothèque nationale suisse, à Berne, la sixième cérémonie de remise des Prix suisses de littérature. Ceux-ci se composaient de sept Prix littéraires décernés à des auteurs des quatre régions linguistiques du pays parmi une liste de cent dix livres, d’un Prix spécial de traduction ainsi que du Grand Prix suisse de littérature. Le Regard Libre a pu assister à une très belle soirée placée sous le signe des lettres, de l’humanisme et de l’esthétique.
Les neuf écrivains récompensés ont pu chacun s’exprimer selon leurs souhaits, partageant au public un peu de leur personnalité. Ce fut notamment l’occasion pour les personnes ne comprenant pas le romanche d’entendre la musicalité des poèmes de Dumenic Andry. La salle a également été touchée par le charisme de Michael Forré, présentant son ouvrage Glanz und Schatten. Les Romands furent aussi à l’honneur avec, entre autres, Baptiste Gaillard, dont le roman fait le pari d’imaginer un monde sans êtres humains, livré aux seuls aléas des réactions physiques. «Lorsqu’un mot disparaît, ce qu’il désigne est exclu.»
Le Prix spécial de traduction a été remis à Yla Margit von Dach, admirable traductrice littéraire et journalistique à Paris et à Bienne. Son discours fut resplendissant d’intelligence: «je besser die Übersetzung, desto unsichtbarer der Übersetzer.» De même, «quand un auteur écrit quelque chose d’un peu mystérieux, ce n’est pas au traducteur de lever le mystère.» Pas de mystère cependant: avec un intermède musical bouleversant au son de l’harmonica et le point d’orgue de la soirée, à savoir la remise du Grand Prix à Anna Felder, cette soirée nous offrit de la transcendance.
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Crédit photo: © Loris S. Musumeci pour Le Regard Libre