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Falciani, l’heure de vérité?3 minutes de lecture

par Nicolas Jutzet
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Les lundis de l’actualité – Nicolas Jutzet

Hervé Falciani, ex-informaticien de la banque HSBC, que vous connaissez sûrement en lien avec l’affaire des «Swissleaks», refait des siennes. Cette semaine, vous avez pu lire qu’il avait été arrêté à Madrid à la demande de la Suisse. Cette dernière confirmera par la suite qu’elle sollicite son extradition. Peu après, la justice espagnole décidera de sa remise en liberté, sous contrôle judiciaire. Il s’en sort avec un passeport en moins et une interdiction de quitter le territoire.

Le faux héros – un personnage tout en nuances

Rien n’est simple dans cette histoire. Après en avoir fait un vénérable héros, même la presse la plus conciliante a du finir par admettre que derrière le Don Juan au service du prétendu «bien commun» se cachait un homme alambiqué et un parcours pour le moins étonnant. Trop vite mis sur un piédestal, on apprendra que le prétendu «lanceur d’alerte» était en réalité un simple délinquant souhaitant se mettre à l’abri du besoin en revendant les données qu’il avait subtilisées à son ex-employeur. Mauvais genre.

On associe Hervé Falciani aux lanceurs d’alertes qui, à l’instar du respectable Edward Snowden, se sont battus pour révéler des scandales au grand public. Or rien n’est moins déplacé. Ici, nous avons affaire à un bandit risible qui mérite au mieux le qualificatif d’ingénieux voleur. Nul n’est héros quand il se bat pour dénoncer des individus aux administrations fiscales des différents pays avides de l’argent des citoyens. Ou encore pire, quand il le fait après avoir lamentablement échoué en tentant de vendre ses informations. Digne du Ministère de la Vérité, caricaturé par George Orwell dans son roman connu de tous, 1984, sa propre tentative de réécrire son histoire, en s’arrogeant le bon rôle, laisse songeur quant aux intentions du personnage.

La fin semble justifier les moyens, quitte à trahir, partout, tout le temps. Robin des Bois ne se battait pas pour l’Etat, mais contre lui. Nul n’est héros quand il se bat contre la vie privée des clients d’une banque en subtilisant des données qu’il tentera ensuite de revendre, puis, suite à son échec, de dévoiler aux autorités fiscales. Non, Monsieur Falciani n’est en rien un courageux gentilhomme, se battant avec classe et tradition, tel un mousquetaire, au contraire. Se battre avec les forts, contre la plus petite minorité, l’individu, symbolisé ici par les clients de HSBC, tout en essayant au passage de s’enrichir, fait de lui un audacieux saugrenu.

Et si le courage était d’affronter son passé? 

Espérons désormais que la Suisse, après avoir manqué à plusieurs reprises de mordant dans cette affaire, puisse s’appuyer sur une véritable stratégie de billard à trois bandes. Elle pourra profiter des intérêts bien placés de l’Espagne qui, empêtrée dans sa politique interne, voit désormais Falciani comme une éventuelle monnaie d’échange avec la Suisse qui laisse différents dissidents catalans passer sur son territoire. L’ironie du sort voudra que le pauvre aigrefin, devenu inutile, se transforme en simple hochet diplomatique pour les politiciens qui hier ne juraient que par lui. Retour de manivelle, entre gentlemen.

Il est venu le temps de la justice. Hervé Falciani doit rapidement venir purger sa peine, ici. Condamné par contumace, symbole de sa lâcheté, à une peine de cinq ans de prison ferme, le fier Hervé déclarait à l’époque n’avoir aucune confiance en la justice helvétique. Gageons qu’il aurait désormais l’honneur de pouvoir venir apprécier la qualité de notre système carcéral. Et il en sortira avec une nouvelle conviction: on ne peut pas faire confiance à la classe politique qui hier lui assurait son soutien. Un problème d’appréciation? Il aura le temps d’y réfléchir!

Ecrire à l’auteur: nicolas.jutzet@leregardlibre.com

Crédit photo: Pixabay

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