Les bouquins du mardi – Alexandre Wälti
«L’attitude anarchiste, voilà notre sagesse. Pour les siècles à venir, on n’envisage ni un monde débarrassé de tout pouvoir ni éclairé enfin par l’anarchie universelle. On les imagine plutôt peuplés d’anarchistes. La révolte donnera sens à leur vie, comme elle a donné sens à la nôtre.»
Ainsi parle Valentine Grimm, la narratrice de Daniel de Roulet. Elle suppose une réponse possible et une attitude plausible parmi d’autres: remettre en question et changer en profondeur un système économique inégalitaire, patriarcal, vorace et prédateur qui arrive à bout de souffle, avant qu’il ne s’écroule une fois de plus comme en 2008. Une nécessité qui, comme à l’époque des dix petites anarchistes de l’écrivain imérien, n’a jamais été plus d’actualité qu’aujourd’hui: les gilets jaunes en France, les marches pour le climat en Suisse, le phénomène #MeToo dans le monde, Occupy Wall Street aux Etats-Unis, le mouvement 15-M en Espagne, etc.
Certes, toutes ces mobilisations civiles des dernières années ne partagent pas toujours les mêmes revendications, mais elles montrent un ras-le-bol grandissant face à une certaine conception de l’existence humaine. Comme Valentine, Colette, Juliette, Emilie, Jeanne, Lison, Adèle, Blandine, Germaine et Mathilde l’expriment très bien tout au long du roman. Penser une autre réalité, voilà ce qui les met toutes d’accord.