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La «génération du climat»?3 minutes de lecture

par Clément Guntern
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Les lundis de l’actualité – Clément Guntern

L’actualité politique de ces derniers mois parle d’elle-même. Les récentes grèves pour le climat conjuguées aux élections fédérales ont donné du poids à la parole des jeunes en Suisse. L’ampleur de ces mobilisations dans les pays occidentaux, notamment en Suisse où de telles mobilisations sont rares, représente une chance pour les partisans d’une action rapide dans le but de sauver ce qui peut l’être encore de notre planète.

En tant que responsable politique, il est impossible de demeurer indifférent. On peut adopter une posture de pionnier et se présenter comme représentant naturel de ces revendications, on peut également reprendre une partie des revendications, dire que l’on comprend les jeunes tout en proposant ses propres réponses, ou tout simplement minimiser ces actions et continuer comme si de rien n’était, tout en devant se justifier. Les jeunes, depuis longtemps, sont des cibles ambulantes pour les politiques. On cherche à les séduire car, chez eux, la marge de progression est toujours la plus importante en termes de participation aux élections.

Ce dont nous parlions un peu plus haut, à savoir la lutte pour le climat, est presque devenue synonyme de jeunesse, même si des «anciens» s’en soucient depuis plus ou moins longtemps et avec un succès mitigé. Pour comprendre ces mouvements, et les images qui en sont sorties nous poussent à le faire, l’analyse générationnelle est régulièrement avancée. Cette tendance, pas si récente que cela, n’a fait que s’accentuer ces dernières années et scientifiques comme médias tentent de caractériser chaque génération. On leur accole une étiquette, une tendance, des aspirations et des buts communs, en fonction du contexte dans lequel ils ont vécu.

Certains chercheurs ont tenté de décrire ces générations: la génération militaire (1901-1924), concentrée sur la communauté, la génération silencieuse (1925-1942), sans éclat, conformiste et responsable des maux de son époque, la génération du baby-boom (1943-1964), idéaliste et façonnée par les révolutions, la génération X (1965-1981), réactive, impuissante et vulnérable, et la génération Y (1982-2000), sensibilisée et encline à l’unité. Est-ce que tout le monde se retrouve dans ces descriptions? Nous sommes prêts à parier que non, même en faisant preuve d’une autocritique sévère.

La nouvelle génération toute fraîche sortie du moule est dénommée, avec une grande créativité vous nous l’accorderez, la «génération Z», connectée, créative et exigeante. L’analyse est toute prête à être servie pour les médias et les partis politiques: prenez d’un côté les manifestations pour le climat et, de l’autre, des jeunes exigeants et motivés, et vous obtiendrez une maxime à suivre absolument: les jeunes s’engagent pour le climat. Il ne suffit que d’un pas pour énoncer que les plus âgés n’y prennent part que de façon minoritaire, accessoire ou opportuniste.

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Toutes ces analyses générationnelles des aspirations d’une classe d’âge peuvent laisser perplexe et contribuent à faire état d’une injustice: pourquoi les jeunes sont-ils sous-représentés à l’assemblée fédérale? Serait-ce la bêtise et le goût du pouvoir des plus âgés qui les pousseraient à accaparer le pouvoir en Suisse? C’est là oublier ce fait essentiel: chaque génération est diverse et vote pour tous les partis. Il n’y a pas le parti des jeunes, le parti des actifs et le parti des retraités. Les idées sont infiniment plus fortes que tout cela, même si dans chaque parti se sont créées des sections de jeunesse.

Les Suisses votent avant tout pour un parti et des idées avant de voter pour des personnes de leur âge, de leur profession ou de leur sexe. Il existe certes des tendances par générations liées aux contextes culturel, social, économique et politique, mais vouloir résumer l’électorat en Suisse à des questions de générations, cela revient à manquer sa cible. La seule chose qui permet de relier entre eux tous les jeunes de ce pays, c’est à la fois manque de volonté à participer à la vie politique, notamment en votant, et le manque d’informations sur le sujet. C’est là qu’il faudrait plutôt voir la caractéristique majeure de cette génération: le paradoxe entre la masse d’informations générales et le manque d’informations en politique. Informez-vous et vous serez entendus!

Ecrire à l’auteur: clement.guntern@leregardlibre.com

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