Neuchâtel International Fantastic Film Festival (NIFFF) – Virginia Eufemi
Présenté en première suisse et dans la catégorie « Films of the third kind » au NIFFF, Hotel Artemis par Drew Pearce s’inscrit dans la tradition du film d’action tout en arborant un style propre et innovant.
Le penthouse de l’Hotel Artemis n’accueille pas des suites comme les autres. L’infirmière Jean Thomas (Jodie Foster) y accueille les criminels blessés qui ne souhaitent pas être reconnus dans les hôpitaux publics. A l’Hotel Artemis, ils prennent le nom de leur suite médicalisée : Honolulu, Nice, Niagara, Acapulco. Mais l’institution a des règles bien précises « qui maintiennent le monde à l’extérieur » : il faut être adhérent pour être soigné, les armes ne rentrent pas et on ne tue pas les autres pensionnaires.
L’endroit, tenu secret, appartient à Mr. Franklin, tout comme la majorité de la ville de Los Angeles qui, en cette année 2028, est plongée dans de très violentes émeutes dues à des coupures d’eau. Mais lorsque Nice, séduisante infiltrée française (Sofia Boutella), a comme cible Niagara (Jeff Goldblum), Waikiki (Sterling K. Brown) a intérêt à partir avant que les événements ne dégénèrent. D’ailleurs, les règles ne sont-elles pas faites pour être enfreintes ?
Drew Pearce – scénariste pour certaines grandes productions hollywoodiennes, telles que Iron Man 3 – nous plonge dans l’action dès la première minute de Hôtel Artemis, qui débute in medias res avec le branchage raté d’une banque. Enfin un film d’action à proprement parler ! Le rythme et l’enchaînement des scènes sont le point fort de ce long-métrage haletant, prenant et réussit sur plusieurs plans. D’abord, il respecte les codes du genre : coups de feu, femmes sexy, moments touchants, explosions. Hôtel Artemis s’inscrit donc dans la tradition, sans pour autant devenir prévisible ou rébarbatif. Drew Pearce réalise ici un excellent film d’action, porté par de très bons acteurs.
Jodie Foster nous livre une nurse très touchante, une femme marquée par la souffrance, qui a comme seule mission d’aider son prochain. Mais le véritable protagoniste est l’Hotel même ; le spectateur ne suit pas un personnage précis mais plusieurs à la fois, qui évoluent et se dévoilent au fil de l’histoire dans ce huis clos mouvementé. Il fait toujours nuit à L.A. : l’Hotel Artemis ne voit pas la lumière du soleil, clin d’œil à la déesse Artemis, associée à la Lune, mais aussi à la chasse et aux animaux sauvages. Ce refuge pour êtres sauvages alterne une ambiance décadente années 1970 à une technologie médicale de pointe.
L’image est relativement sombre, teintée de rouges et de marrons. La musique est marquante, grâce à ses hits d’antan telles que California Dreamin‘ (1966) par The Mamas and the Papas, dont les paroles « I’d be safe and warm, if I was in L.A. » détonnent complètement avec le climat d’insécurité qui empreint la ville. La narration est linéaire, mais présente quelques flashbacks, les souvenirs de notre infirmière ; ceux-ci sont, contrairement à la noirceur du présent, emplis de lumière, comme s’ils étaient suspendus dans le temps et dans l’espace. Au contraire, l’Hotel Artemis s’isncrit dans une unité de temps et de lieu précises, où finalement nous découvrons les événements « d’un simple mercredi comme les autres ».
HOTEL ARTEMIS (Drew Pearce) – NIFFF – Films of the third kind | |||||
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Virginia Eufemi | FFFF | ||||
Thierry Fivaz | FFFF | ||||
Jonas Follonier | FFFF | ||||
Hélène Lavoyer |
Ecrire à l’auteur : virginia.eufemi@leregardlibre.com
Crédit photo : © NIFFF