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Emilie Zoé: un regard de glace qui n’a pas laissé de marbre3 minutes de lecture

par Lauriane Pipoz
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Emilie Zoé, Neuchâteloise d’adoption, s’est produite sur la scène du Club Tent jeudi 25 juillet au Paléo Festival. Cette auteur-compositeur-interprète a débarqué uniquement accompagnée de Nicolas Pittet, son batteur. Ensemble, les deux jeunes musiciens ont livré un spectacle live digne des plus grands.

Emilie Zoé a hanté la scène du Paléo Festival et cela a été une heure de plaisir. La jeune femme mystérieuse a commencé par balayer le public de son regard bleu et profond, avant d’entonner ses trois titres les plus connus pour débuter son concert. C’était un pari risqué. Mais un pari qui semble réussi: après une ou deux chansons supplémentaires, elle passe d’un registre indie rock à une explosion nettement plus hard rock.

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Même si la soirée n’a pas encore débuté – il n’est que 16h45 – et malgré la chaleur étouffante, le charme très noir de la jeune rockeuse opère sur le public: c’est manifestement ce qu’il est venu chercher! La foule se déchaîne pendant que les lumières virent au rouge, laissant surtout transparaître les yeux glaçants de la chanteuse et guitariste. Son regard hypnotisant ressort impeccablement au milieu de la fumée rouge qui a envahi la scène. Il en résulte une curieuse impression qu’Emilie Zoé est possédée tant elle semble prise dans sa musique. Tout en gardant tout au long du concert avec son public cet eye contact translucide qui semble empli d’effroi.

Une voix puissante et cristalline

Mais la pièce maîtresse de son concert transportant est évidemment sa voix étonnamment aussi puissante que cristalline, qui semble tout droit sortie d’outre-tombe. Elle paraît tantôt grave, prenante et presque gutturale, tantôt plutôt haute et claire. Car le registre de la chanteuse offre un agréable mouvement de balancier entre une musique lente, profonde, dominée par des sons graves qui résonnent au fin fond de notre cage thoracique, et des sonorités nettement plus rapides agrémentés d’accords très mélodieux. Sur fond de textes inspirés de poésie anglaise (elle ne chante que dans la langue de Shakespeare, qui est pour elle «la langue de l’émotion»), elle a su mettre sur pied un microcosme bien à elle qui me paraît parfaitement inscrit dans l’univers gothique.

Grâce à ce transport particulier qu’elle nous offre, il n’est pas dérangeant que certains refrains réapparaissent à plusieurs reprises: c’est à chaque fois une interprétation mélancolique bien singulière qui nous est proposée. On se laisse volontiers emporter avec elle dans son monde. Tout au long de son concert, elle a d’ailleurs pris le soin de construire un pont entre sa musique et nous, pour nous permettre de nous sentir inclus. Un voyage que j’ai trouvé des plus prenants, proposé par une personne qui aime elle aussi voyager dans d’autres univers. Juste avant la fin du concert, elle nous explique encore que lorsqu’elle a besoin d’évasion, elle ouvre un livre d’astrophysique «pour comprendre ce qui se passait au début, s’il y a eu un début».

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Tout à la fin, coup de théâtre: après cette déclaration très posée et raisonnable, elle se débarrasse de son micro pour se mettre à chanter sans accessoire. Ses yeux paraissent plus perçants que jamais, son regard dénué de toute logique. Elle vocifère sur scène, semble en proie à une véritable détresse, avant d’aller s’asseoir à côté de son batteur et de terminer son show en chantant dans son micro à lui. Elle remercie la foule, puis quitte la scène après cette fin en apogée. C’était un concert saisissant et authentique: Emilie Zoé a bien montré qu’il n’y avait pas besoin d’une scène plus grande et de plus d’artifices pour surprendre le public et le prendre aux tripes.

Ecrire à l’auteur: lauriane.pipoz@leregardlibre.com

Crédits photo: © Paléo / Nicolas Patault

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