Le Regard Libre N° 18 – Nicolas Jutzet
La polémique est chronique, elle refait surface à chacune des sorties de l’équipe de Suis-se de football. Et qui dit grand événement, type Euro 2016 en France, dit polémique amplifiée. Une partie des médias et des spectateurs gémissent quand ils découvrent qu’une majorité des joueurs de notre chère « nati » ne chantent pas le Cantique suisse. Traîtres à la nation, mercenaires déconnectés de la réalité, tels sont les reproches formulés par ces patriotes du dimanche. Les sélectionnés rétorquent que l’attachement à un pays ne se limite pas à un futile hymne national. Rien ne semble pouvoir unir les deux camps.
La question de l’hymne national est pourtant intéressante. Celui-ci en dit souvent beaucoup sur l’histoire de son pays et son évolution. Prenez La Marseillaise, le chant de la Révolution française, celui d’une population se battant pour sa liberté qui semble aujourd’hui totalement dépassé et même obscène quand il est chanté par les représentants d’un Etat providence obèse ou par son peuple qui a depuis longtemps oublié ce qu’était la liberté, et dont les seuls combats consistent à demander plus d’Etat. On est loin de l’esprit initial.
En Suisse, jusqu’à la fin du XIXème siècle, aucun hymne officiel n’existait. L’une des explications pourrait venir du fait que, contrairement à nos voisins, notre unification n’est pas le résultat d’une guerre sanglante (Sonderbund, moins de cent morts) et qu’elle n’a pas eu besoin d’un quelconque chant de combattant. Le premier hymne suisse, Ô Monts indépendants, composé par Johann Rudolf Wyss en 1811, sur la musique de God Save the Queen, est aujourd’hui tombé dans un anonymat total. Ses paroles, bien plus pertinentes à mes yeux que celles de la version actuelle, méritent pourtant d’êtres rappelées :