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Suisse

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Faut-il rendre publics les dons de campagne dépassant 1000 francs?2 minutes de lecture

par Pablo Sánchez
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La transparence du financement des campagnes électorales est un sujet essentiel pour la confiance démocratique. En Suisse, seuls les dons dépassant 15’000 francs doivent être déclarés pour les votations et élections fédérales. Faut-il abaisser ce seuil, comme le soutient notamment la gauche?

Le Regard Libre a posé la question à deux membres de la Chambre haute.

Mauro Poggia

Conseiller aux Etats genevois MCG

OUI. Personne n’imagine plus désormais pouvoir remporter un scrutin sans une communication efficace. Et cette communication, qui tend de plus en plus vers le slogan réducteur destiné à parler aux émotions, à frapper les esprits, et à mobiliser les votants, nécessite de l’énergie, et des moyens financiers de plus en plus importants. Nous en avons eu récemment une éloquente démonstration outre-Atlantique, et nous ne sommes pas en reste sur le continent européen, où les coups de gueule et les coups de bluff rapportent davantage que de longs débats. Ces campagnes politiques nécessitent des soutiens, gracieux ou intéressés, la distinction entre les deux n’étant pas toujours facile à faire. En Suisse, où, plus que nulle part ailleurs, notre démocratie directe appelle les électrices et électeurs à s’exprimer, cette mobilisation nécessite des investissements importants et réguliers. Or, cette démocratie directe, que l’on nous envie souvent, ne peut fonctionner qu’avec le débat d’idées, et, dans toute la mesure du possible, avec la transparence des intérêts portés par les protagonistes. Les «retours d’ascenseur», comme on se plaît à les nommer, doivent être anticipés. Ainsi, les donateurs qui ont contribué à l’efficacité de l’action politique doivent être connus. Quelle est la limite qui doit garantir l’anonymat? Les 15’000 francs fixés par notre loi doivent être réduits, et si cela pourrait dissuader des donateurs, c’est bien que le risque dénoncé est réel.

Johanna Gapany

Conseillère aux Etats fribourgeoise PLR

NON. On aime bien tout savoir de celles et ceux pour qui l’on vote, et c’est normal. C’est humain. Leur transparence et leur honnêteté sont des piliers importants de notre démocratie et j’y tiens. Lors de ma dernière campagne au Conseil des Etats, mes comptes de campagne ont été vérifiés par le Contrôle fédéral des finances, puis le Canton de Fribourg, qui ont confirmé que tout était en ordre et que tous les donateurs (plus de 5000 francs pour les personnes physiques, plus de 1000 pour les personnes morales) avaient été annoncés. La transparence à mon encontre ne me gêne pas, tant qu’on ne tombe pas dans le piège de réduire les candidats à la provenance de leurs fonds et d’en oublier leur programme et leurs idées. Il faut aussi garantir une égalité dans la mise en œuvre et c’est ce qui manque aujourd’hui. Par exemple, on ne demande pas la provenance des fonds au candidat finançant sa campagne avec sa propre fortune ou l’argent de son parti. Il est ainsi épargné de tout devoir de transparence (et jugement). Dans le même sens, la plus-value d’imposer la transparence dès 1000 francs, aussi pour les personnes physiques, reste discutable. Cela représente un frein clair à la récolte de fonds pour faire campagne et tend à avantager des candidats avec un fort bagage politique, un large réseau, une bonne fortune ou encore un parti prêt à financer largement leur campagne… Sont-ils les seuls à être capables de servir notre société? Je ne le crois pas.

Vous venez de lire un débat tiré de notre édition papier (Le Regard Libre N°115).

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