Le Regard Libre N° 31 – Rebeca Negash
Une peintre musulmane déchirée entre son choix d’être voilée et son besoin d’être femme pour se sentir exister. Voici le cœur du premier roman de la journaliste Maya el Hajj. Recension.
Femme voilée, femme forcément condamnée?
«Et si je devais représenter par un mot la vie que je mène, je ne trouverais pas mieux que Burkini, terme créé par une femme australienne musulmane et qui concilie deux mots: Burqa et Bikini, pour désigner une tenue de bain qu’elle a conçu pour elle et pour toute femme que le voile empêche d’accompagner ses amies et sa famille à la plage.
J’ai tant de fois vu ce Burkini chez des amies voilées qui vivent dans des pays dépourvus de piscines réservées aux femmes. Mais jamais je n’ai pu m’imaginer dans une telle tenue. Soit le bikini dans des piscines réservées aux femmes, soit pas de baignade. Car ce que j’aime dans la natation c’est m’immerger dans l’eau et laisser les gouttes étinceler sur mon corps. Je vis vraiment entre deux mondes, entre mes vêtements chastes et mes idées libérées, entre un voile qui me couvre et des corps nus qui me fascinent, entre la burqa et le bikini.»