Le Regard Libre N° 21 – Jonas Follonier
Le silence, peu à peu, disparaît de notre monde. Bien que je haïsse les «c’était mieux avant», la nostalgie, elle, ne m’incommode pas: quand elle est justifiée, c’est le plus beau sentiment qui soit. Ainsi en est-il de mon regret du silence, cet ami de l’homme qui ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir.
Nous pourrions dire que le silence est au bruit ce que les trous sont à la matière. Il existe actuellement des discussions passionnantes dans les instituts de philosophie pour savoir si les trous existent ou non. Cette question métaphysique nécessite bien plus qu’un article. La difficulté est en effet évidente: les trous ne semblent être que des néants, des absences de matière… autrement dit, rien. Comment donc pourraient-ils être quelque chose? Le silence, lui, existe à coup sûr.
En quoi consiste-t-il, voilà une question à laquelle nous n’allons pas répondre. Encore une fois, une telle ontologie ne saurait avoir sa place ici, tant elle nécessite de lignes. Essayons cependant d’envisager non pas en quoi le silence consiste, mais à quoi il renvoie, ou si vous préférez, ce qu’il évoque, ce qui fait son intérêt. «L’homme est la mesure de toute chose», comme disait l’autre: considérons donc le silence par rapport à l’homme.