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«Kingsman : Le Cercle d’or»3 minutes de lecture

par Loris S. Musumeci
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Les mercredis du cinéma – Loris S. Musumeci

« Nous pensons à un cartel de la drogue, un certain Cercle d’or. »

Le bel Eggsy (Taron Egerton) sort de la boutique « Kingsman ». Le soir est tombé ; le calme règne. Alors qu’il se délecte de son élégance dans le reflet luisant de la porte, une voiture débarque, assurée. L’homme qui en sort semble connaître Eggsy. Il lui demande d’ailleurs de lui ouvrir la porte de son taxi. Roulement de tambours, et l’action commence. Les deux se battent violemment. Après une intense course-poursuite entre le taxi doté d’incroyables technologies et les véhicules de l’ennemi, le héros réussit à se libérer pour rejoindre ensuite sa sublime compagne (Hanna Alström), qui plus est princesse de Suède.

Tout roule : les potes, l’amour, le camouflage parfait des services secrets Kingsman dans l’arrière boutique d’un tailleur prestigieux. En dépit de ses nombreuses et dangereuses missions, Eggsy ne perd pas de son charme, et aucune de ses mèches ne bouge. Un soir, le drame. Une compagnie mafieuse pirate les systèmes informatiques de l’agence d’espionnage, et tous les agents du Kingsman sont individués et tués. Eggsy a miraculeusement échappé au carnage. Le coordinateur de missions, Merlin (Mark Strong), reste aussi en vie. Les deux survivants ne doivent pas se laisser submerger par l’émotion et mener à bout leur engagement : mettre la main sur le cartel de drogue qui veut leur mort.

Sans surprises

Kingsman : Le Cercle d’or ne surprend pas. D’ailleurs, ce qui aurait été surprenant, c’est qu’il surprenne. Film d’action était annoncé, ainsi se joue-t-il à l’écran. Tous les procédés du genre y figurent. La trame est simple ; l’intrigue manichéenne ; les personnages, sans profondeur ; et la fin, very happy. Techniquement, les caméras tremblent et se meuvent plus vite qu’une auto de course, les plans fusent, l’effet-clip est servi à profusion.

Spécificité de ce type de film d’action, il se veut comique dans le sous-genre de la comédie d’action. Au su d’une histoire on ne peut plus vue et revue, la démarche ne signe pas forcément une réussite. Regards et attitudes calculés pour susciter le rire, c’est au maximum un léger sourire de sympathie qui se dessine sur le visage du spectateur. L’un des seuls acteurs qui parvienne à provoquer quelques vraies joies, c’est précisément celui qui n’en est pas vraiment un. Elton John, qui s’interprète lui-même, en effet, amuse par son ridicule et sa coquetterie mêlée de vulgarité.

Une morale facile

L’aspect moral que voudrait délivrer Matthew Vaughn dans sa réalisation vire totalement à la moraline facile et sans intérêt. Pendant que les consommateurs des drogues du Cercle d’or sont en train de périr les uns après les autres, la réaction du président des Etats-Unis d’Amérique ne trouve rien de mieux à entreprendre que de caser les malades à l’intérieur de cages entreposées dans des stades. Pis encore, il affirme en riant que « ces junkies n’ont qu’à crever ».

Indignée, sa conseillère, femme en tailleur, volant autour de la soixantaine, blonde et cheveux courts – devinez la référence ! – s’oppose au vilain mâle puritain : « Qu’ils enfreignent la loi ou pas, ces victimes sont toujours des humains. » Elle finit elle-même emprisonnée. Et puisque tout le monde connaît déjà la fin avant d’avoir visionné le film, inutile de ne pas révéler qu’un brave jeune homme dira, une fois guéri de l’étrange maladie due à la drogue : « Je ne toucherai plus jamais à cette merde. » Merci pour la leçon, le public en prend bien note.

Aux oubliettes

Un protagoniste prononce tout de même quelques répliques touchantes, pour de rares occasions, dans les incessantes 141 minutes de métrage. Il s’agit de l’agent Harry, incarné par l’excellent Colin Firth. Impossible qu’un si brave acteur, riche d’un oscar et porteur du grand film Le Discours d’un roi, ne réussisse pas à offrir de l’intérêt en quelque cinéma que ce soit. Depuis longtemps disparu, il est retrouvé amnésique par Eggsy dont il fut le maître. Une fois la mémoire retrouvée, son rôle de guide reprend, tout en sagesse : « Sache simplement qu’avoir quelque chose à perdre, c’est ce qui donne un sens à la vie. »

Que restera-t-il enfin du deuxième Kingsman ? Peu de choses, comme pour le premier épisode. Le cinéma de divertissement est ainsi fabriqué qu’il passe dans les salles, connaît un succès relatif, et s’en finit aux oubliettes. Peut-être demeureront malgré tout l’élégance des costumes et la crainte de la drogue.

« Nos agents ont été formés pour la paix. »

Ecrire à l’auteur : loris.musumeci@leregardlibre.com

Crédit photo : © cineserie.com

 

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