Pauline Toulet livre un premier roman farfelu et critique du monde littéraire, centré sur personnage déjanté, plus porté sur les marabouts que son époque. Mais qui, lui, n’aura pas réussi à m’envoûter.
Anatole Bernolu, jeune chercheur en anthropologie, peine à trouver un travail lorsque sa conseillère Pôle emploi lui dégotte un poste taillé pour lui, quoiqu’un peu éloigné du monde universitaire: assistant éditorial dans une maison d’édition. Mais plutôt que de se contenter de bichonner la collection «Bien-Etre et Psychologie» dont il est en charge, il parle à l’éditrice de son manuscrit Tristes Trafiques, un essai censé démontrer que Claude Lévi-Strauss était un serial killer et a bâti toute sa carrière en assassinant ses rivaux. On comprend donc très vite qu’en plus d’être un peu paumé dans la vie, Anatole est totalement extravagant et loufoque.
Un roman à tiroirs à ranger au placard
Pauline Toulet propose au lecteur un livre multiple, tour à tour roman d’apprentissage, faux polar burlesque et satire universitaire, au ton décalé et à l’ironie fantaisiste. Mais qui, malgré toutes ces belles promesses, m’a laissé sur le carreau. Je tournais les pages et, plutôt que de voir les scènes s’enchaîner, je les voyais défiler et l’intrigue s’effilocher. Je ne me suis jamais attaché au personnage d’Anatole, je l’ai suivi comme si je l’avais aperçu à travers la vitre embuée d’un bistrot. De cette littérature, je n’ai rien senti, rien humé, rien vécu. Seulement enduré.
J’ai lu Anatole a disparu comme on mange un Big Mac en sortant du sport: ça comble, mais il ne reste pas grand-chose en bouche. C’est un roman qui se lit par faim, non par appétit. La faute à une narration en voix off, qui décrit plus qu’elle ne montre, qui commente sans mystère et qui met ainsi constamment Anatole à distance, empêchant le lecteur de s’intéresser vraiment à ce personnage et le forçant à n’être rien d’autre qu’un badaud. Toutes les scènes sont livrées comme déjà annotées: j’avais l’impression d’avoir une histoire clé en main, fournie avec son mode d’emploi. Si effectivement Anatole Bernolu a disparu, il ne faut pas compter sur moi pour partir à sa recherche.
Ecrire à l’auteur: quentin.perissinotto@leregardlibre.com
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Pauline Toulet
Anatole Bernolu a disparu
Le Dilettante
Août 2024
256 pages