Vous êtes sur smartphone ?

Téléchargez l'application Le Regard Libre depuis le PlayStore ou l'AppStore et bénéficiez de notre application sur votre smartphone ou tablette.

Télécharger →
Non merci
Accueil » Le Regard Libre, «néolibéral»? Réponse à Julia Steinberger
Médias

Edito

Le Regard Libre, «néolibéral»? Réponse à Julia Steinberger6 minutes de lecture

par Jonas Follonier
0 commentaire
Julia Steinberger à Fribourg en 2023. Photo: MHM55 (via Wikimedia) sous CC-BY-SA

Supposément ultra-libérale, la présente revue serait également hostile aux «droits des queers», du moins selon le dernier article de cette professeure de l’Université de Lausanne et star du militantisme écolo. L’occasion de rappeler nos valeurs.

Il faut se pincer pour le croire. Dans une récente publication, Julia Steinberger, professeure à l’Institut de géographie et durabilité de l’Université de Lausanne et auteure principale du groupe n°3 des fameux rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), s’attèle à montrer que la lutte contre le changement climatique passera par plus de démocratie… et présente Le Regard Libre comme un ennemi de celle-ci. Selon la chercheuse en économie écologique et militante politique, notre média s’inscrirait dans le mouvement des «groupes de réflexion néolibéraux», qui feraient passer le marché par-dessus tout, en particulier l’Etat et la démocratie, mais aussi l’écologie ou les droits de l’homme. Voyez plutôt (nous traduisons):

«[Ces groupes de réflexion] incluent […] des discussions sur le féminisme, les droits des femmes et des personnes queer, et la migration. Il est important de noter que les groupes de réflexion néolibéraux s’opposent souvent sur ces questions, certains étant plus conservateurs, d’autres plus libéraux. Le fil conducteur, s’il y en a un, sera de s’opposer à l’intervention de l’Etat mandaté démocratiquement. Par exemple, dans l’image ci-dessus, nous voyons le magazine néolibéral suisse “Regard Libre” plaider pour les droits des femmes (à gauche) et contre les droits des personnes queer (à droite). La cohérence n’est pas si difficile à trouver: les droits des femmes ne sont valables que parce qu’ils sont censés découler du capitalisme industriel, c’est-à-dire de l’économie dominée par les producteurs. Les droits des personnes queers sont combattus parce qu’ils demandent une protection collective, démocratiquement mandatée, par le biais de la reconnaissance de l’Etat.»

Un résumé absurde de notre travail

Face à cet amas d’approximations, une première réponse s’impose: Julia Steinberger semble ne pas faire de différence entre une interview et un éditorial. Dans l’interview citée, l’un de nos rédacteurs s’entretient longuement avec Véra Nikolski à propos de son livre soutenant que l’émancipation des femmes doit plus qu’on ne le pense au capitalisme industriel. Cette haute-fonctionnaire a des arguments solides; notre rédacteur lui pose plusieurs questions critiques. Et c’est là où nous en venons au plus drôle: Véra Nikolski a une sensibilité de gauche, elle adopte d’ailleurs une grille de lecture marxiste dans son ouvrage – salué par un certain Jean-Marc Jancovici.

Dès sa création en 2014, Le Regard Libre a mis plusieurs fois à l’honneur des personnalités socialistes, dont le politicien valaisan Stéphane Rossini ou l’ancien ministre français Vincent Peillon. Dans notre centième numéro, paru en octobre, nous avons consacré dix pages au conseiller aux Etats vaudois et président de l’Union syndicale suisse, Pierre-Yves Maillard, qui n’est pas exactement un «néolibéral». Et notre rédacteur qui l’a interviewé n’est pas un lecteur d’Hayek, mais plutôt de Michéa.

NEWSLETTER DU REGARD LIBRE

Recevez nos articles chaque dimanche.

Quant à l’édito de votre serviteur, qui n’engage que lui, il est piquant qu’on puisse y lire un propos contre «les droits des queers». Je réagis à la revendication de l’artiste suisse Nemo, vainqueur de l’Eurovision, d’introduire un «troisième genre» dans le registre de l’état civil. Comment définir ce troisième genre du moment que, d’après les sciences sociales ayant théorisé le genre «non-binaire» dans lequel se reconnaît Nemo, il existe toute une gamme d’autres genres: «gender fluid», «bispirituel», «xénogenré», etc. Parler «du» troisième genre ne répondrait pas aux demandes de reconnaissance des individus concernés et en créerait de nouvelles. Je relève également la confusion entre «troisième sexe» et «troisième genre». Le sexe est binaire. Actuellement, c’est bêtement la biologie qui est le critère pour l’état civil. Pourquoi vouloir la remplacer par le ressenti? Un papier administratif ne pourra jamais retranscrire toute la richesse intime d’un individu.

Sérieusement, comment peut-on déceler dans cette analyse un quelconque agenda néolibéral? En quoi tout cela fait-il le jeu de l’économie ou d’une cabale contre la démocratie? Les entreprises ont plutôt un intérêt à suivre les nouvelles tendances et à proposer des produits adaptés à chaque nouvelle «réalité», quitte à en rajouter une couche. Mon édito ne doit pas leur plaire. En revanche, mon texte est porté par une philosophie libérale, à l’image d’une partie importante de mes raisonnements, je l’assume tout à fait: ce qui m’importe est la primauté de l’individu, sur un quelconque appareil bureaucratique en l’occurrence. Et je suis pour l’égalité des droits. Qu’il y ait un débat sur ce qui relève ou non d’un droit est sain dans une démocratie.

Une insinuation crasse

Autre élément qui doit être rectifié, le lien qu’entretiendrait Le Regard Libre avec le réseau Atlas, pris en exemple par Julia Steinberger au début de sa diatribe contre les «groupes de réflexion néolibéraux». Le Regard Libre n’est aucunement lié au réseau Atlas. Nous avons traduit il y a quelques mois une tribune parue dans Schweizer Monat, signée par l’auteure et femme d’affaires sénégalaise Magatte Wade, qui dirige le Centre pour la prospérité africaine au sein du réseau Atlas. Mais nous n’avons jamais eu de contact avec cette organisation. Julia Steinberger laisse pourtant entendre le contraire, ce qui est à la limite de la diffamation et qui constitue une forme de désinformation et de conspirationnisme.

Ayant déjà dépassé les 10’000 vues sur le réseau social LinkedIn et connu de multiples approbations par des pairs, cet article intitulé «What we are up against» («Ce à quoi nous sommes confrontés») est celui dont Julia Steinberger dit se sentir le plus fière. Que Le Regard Libre soit le seul titre de presse cité doit finalement être considéré comme un honneur: le fait que nous dérangeons les esprits de mauvaise foi prouve que nous faisons plutôt du bon travail. Nous continuerons de nous donner cette peine!

Ecrire à l’auteur: jonas.follonier@leregardlibre.com

Vous venez de lire un éditorial en libre accès. Débats, analyses, actualités culturelles: abonnez-vous à notre média de réflexion pour nous soutenir et avoir accès à tous nos contenus!

Vous aimerez aussi

Laisser un commentaire

Contact

© 2024 – Tous droits réservés. Site internet développé par Novadev Sàrl