Vous êtes sur smartphone ?

Téléchargez l'application Le Regard Libre depuis le PlayStore ou l'AppStore et bénéficiez de notre application sur votre smartphone ou tablette.

Télécharger →
Non merci
Accueil » Rendez-vous en terre connue
Littérature

Critique

Rendez-vous en terre connue4 minutes de lecture

par Sandrine Rovere
0 commentaire

Avec Ce qu’il reste de tout ça, Fanny Desarzens signe le portrait doux et sensible d’une famille ordinaire dans la Suisse romande des Trente Glorieuses.

C’est l’histoire de gens normaux et bien de chez nous. Le lieu n’est jamais nommé, mais on comprend à demi-mot que c’est dans son pays de Vaud natal que Fanny Desarzens a décidé de situer l’intrigue de son troisième roman Ce qu’il reste de tout ça, publié à la rentrée littéraire aux Editions Slatkine.

L’auteure y décrit des gens quasiment sans histoire, quatre générations qui se succèdent, tranquillement, presque sans faire de bruit, tout au long du XXe siècle. Les enfants naissent, grandissent, se marient, font à leur tour des enfants. Ils vieillissent, puis ils meurent. C’est un récit typique des Trente Glorieuses. Les plus anciens ont les pieds bien ancrés dans la terre. Ils sont paysans ou épiciers de campagne. Mais les temps changent et leurs enfants choisissent de faire leur vie en ville. Monsieur part tous les matins au travail. Madame travaille un peu, mais s’occupe surtout des enfants. Tous gardent en tout cas leur accent chantant et une volonté commune de «faire ce qu’il faut».

Le portrait des petites gens

Ce n’est pas une vie de bonheur éclatant. On travaille «parce que c’est la chose à faire. Pour prendre soin des siens, pour avoir une existence sans trop de souci. Avoir l’esprit plus ou moins libre tandis que le corps s’occupe à gagner l’argent», écrit Fanny Desarzens. On se marie sans vraiment tomber très amoureux. Mais on se dit qu’«avec cette personne-là, on va s’entendre. On va se comprendre». On met des sous de côté au cas où il arrive quelque chose.

NEWSLETTER DU REGARD LIBRE

Recevez nos articles chaque dimanche.

«On pourrait penser qu’il n’y aurait rien à raconter de gens comme eux», note Fanny Desarzens. «Sinon qu’il faudrait décrire les petits gestes, tous les petits gestes». Et ce sont ces petits gestes, les inflexions des voix, les traits des visages, la douceur ou la douleur des sentiments, la vie de tous les jours que l’auteure s’emploie à décrire dans ce roman.

C’est beau et c’est touchant, parce que c’est simple. Marianne et Adrien, les personnages principaux de ce roman, pourraient être nos parents, nos grands-parents, des gens ordinaires, bien de leur époque, qui veulent offrir une vie meilleure à leurs enfants. Car la question de la transmission est au cœur de ce livre, au-delà de la simple existence individuelle.

Une parenthèse de liberté

Cette transmission, dans ce roman, prend la forme d’un terrain sur lequel Marianne a rêvé de construire une petite maison de vacances à la campagne. Cela ne se fera jamais. Mais, durant des années, le couple aura pu en rêver, en imaginer les murs et les contours. Une petite parenthèse de liberté à une période où la réalisation de soi n’est clairement pas une priorité.

Avec son premier roman Galel, Fanny Desarzens avait reçu un prix suisse de littérature. Avec Ce qu’il reste de tout ça, l’écrivaine de 31 ans signe un livre d’une belle sobriété, dans le style ramuzien qu’elle affectionne. Un livre qui laisse percevoir l’intensité des sentiments sous le vernis de la normalité.

Ecrire à l’auteure: sandrine.rovere@leregardlibre.com

Vous venez de lire une critique en libre accès, publiée dans notre édition papier (Le Regard Libre N°113). Débats, analyses, actualités culturelles: abonnez-vous à notre média de réflexion pour nous soutenir et avoir accès à tous nos contenus!

Fanny Desarzens
Ce qu’il reste de tout ça
Slatkine
Août 2024
160 pages

Vous aimerez aussi

Laisser un commentaire

Contact

Le Regard Libre
Case postale
2002 Neuchâtel 2

© 2024 – Tous droits réservés. Site internet développé par Novadev Sàrl