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«L’été des quatre rois»: un Grand prix du roman à lire calmement2 minutes de lecture

par Loris S. Musumeci
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Tour d’horizon de quelques grands prix littéraires – épisode #2

Le Regard Libre N° 48 – Loris S. Musumeci

«Les affaires de la France étaient une chose bien trop grave pour la laisser entre les mains de boutiquiers et de ferblantiers qui, le soir venu, lisaient Voltaire à la lumière de leur quinquet en buvant de la camomille puis, le dimanche venu, beuglaient les chansons de Béranger dans les estaminets.»

Le roi se lève. Charles, dixième du nom. Il cherche son prie-Dieu à tâtons, parce qu’il a mauvaise vue et parce qu’il est bon chrétien. On est au petit matin du dimanche 25 juillet 1830. L’heure est grave; une révolution s’annonce. Et en effet, l’été de cette année-là verra défiler quatre rois d’ici au 16 août: Charles X, Louis XIX, Henri V et Louis-Philippe. C’est le début d’une nouvelle ère, la presse joue un rôle central dans ces remous estivaux et des écrivains tels qu’un certain Chateaubriand, qu’un Hugo ou un Stendhal s’en inspirent. Jusqu’à Camille Pascal, primé pour son travail par l’Académie française.

Autant le dire tout de suite, L’été des quatre rois n’est pas facile d’accès. C’est un ouvrage qui demande à être lu dans la durée. Calmement. Sans quoi, sa richesse deviendrait lourdeur; sa respiration, étouffement. Aussi repoussant qu’il puisse paraître, le livre en vaut la peine. Certes, on est en 1830, certes, on est face à un pavé. Mais Camille Pascal a le grand mérite d’avoir replacé l’Histoire, lui qui en est agrégé, dans la littérature.

Déjà que sous la dénomination de roman, le récit n’est pas très attirant. Imaginez-vous alors s’il s’agissait d’une thèse universitaire. Elle ne serait qu’érudition destinée à des érudits. L’auteur fait en revanche le pari que l’on peut raconter l’histoire de France sous la forme romanesque. C’est en outre tout un monde qui nous est livré, tant par ses dialogues – très bien rendus – que par son atmosphère et surtout sa langue. Châtiée, elle nous vient tout droit du XIXe siècle. Camille Pascal est un styliste en ce domaine. Ainsi, le Grand prix du roman de l’Académie française est on ne peut plus adapté pour ce type d’ouvrage. Un autre prix, plus populaire, aurait été malvenu pour un livre qui doit se lire sans la rapidité de la succession des quatre rois.

«La famille royale était peut-être en danger ou cherchait à regagner la côte. En réalité, ce n’était rien de tout cela. Le préfet maritime, qui échangeait depuis dix jours une importante correspondance administrative avec le ministère pour préciser chacun de ses faits et gestes et s’assurer que les jeux de cartes et les vases de nuit étaient prévus en nombre suffisant, avait tout simplement oublié de charger le pain. On dut faire porter des ordres de réquisition dans plusieurs boulangeries de la ville pour que l’on ne puisse pas dire que, en plus de leur voler la couronne, Louis-Philippe enlevait aux Bourbons le pain de la bouche.»

Ecrire à l’auteur: loris.musumeci@leregardlibre.com

Crédit photo: © Wikimedia CC

Camille Pascal
L’été des quatre rois
Editions Plon
2018
643 pages

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