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«Contrefeu», combustion sans émotion d’une cathédrale4 minutes de lecture

par Chelsea Rolle
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Une tragédie touche une commune française tranquille et c’est tout un système qui s’effondre. Emmanuel Venet fait malheureusement de ce sujet brûlant un roman tiède.

Pontorgueil est en deuil. La cathédrale de cette petite ville de province vient de partir en flammes, et avec elle 500 ans d’histoire. Entre colère et désarroi, les habitants se questionnent. Comment une telle catastrophe a-t-elle pu se produire? Comment, au XXIe siècle, le feu peut-il encore engloutir des monuments si vieux qu’ils sont parfois les derniers remparts reliant une époque passée à la nôtre?

Recherche du coupable

A la manière d’un agent de police, l’écrivain et psychiatre Emmanuel Venet égrène chaque piste qui pourrait expliquer le départ de feu qui a eu lieu un 15 avril. Curieusement, il s’agit de la même date à laquelle Notre-Dame de Paris a brûlé. Entre l’évêque qui entretient une relation avec l’une de ses croyantes ou le jeune «punk à chien» qui s’est égaré du droit chemin, les parcours de vie des personnages qui gravitent autour de la cathédrale sont disséqués, passés à la loupe. Qui a bien pu commettre une telle monstruosité? La question doit cependant être formulée différemment, car ce n’est peut-être pas «qui» mais «quoi» qui a provoqué l’incendie. Le mystère restera entier au fil des pages.

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Pris dans un incident d’une telle ampleur, l’humain a toutefois besoin d’attribuer la faute à quelqu’un. En l’occurrence, c’est Blaise Muki, requérant d’asile débouté, qui portera le chapeau pendant de nombreuses années de procès. Coupable idéal, il paiera les frais d’une erreur qui sera éventuellement due à un défaut technique. L’auteur parvient à faire ressortir subtilement cette tendance à pointer du doigt. Vite, il faut un responsable! et puis, lui qui vit un peu en marge a de toute façon quelque chose à se reprocher.

Chute d’une ville moyenne

L’effondrement de la cathédrale a entraîné dans sa chute la ville de Pontergueil. Celle-ci, désormais dépouillée du seul monument qui lui donnait ses titres de noblesse, perd rapidement de son attractivité touristique et de son intérêt pour les habitants. Preuve en est que le seul journal couvrant la région déposera le bilan peu après les faits.

Le drame de la perte d’un bâtiment d’une telle valeur s’étend à la manière d’une tache d’huile: il affecte la communauté qui n’habite bientôt plus qu’un point insignifiant sur la carte. Le roman montre en ce sens l’importance des monuments historiques, qui aujourd’hui encore habillent nos villes et font bien souvent office de centres de gravité.

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On ne ressort pourtant pas de cette lecture ému ou affecté de quelque manière que ce soit. Le roman d’Emmanuel Venet se lit comme un rapport de police bien polissé: il se cantonne aux faits, comporte quelques passages intéressants, mais reste sans goût. Dommage, car lorsque la littérature ne parvient pas à transmettre des émotions, c’est qu’elle rate malheureusement sa cible.

Ecrire à l’auteure: chelsea.rolle@leregardlibre.com

Vous venez de lire une critique en libre accès, contenue dans notre édition papier (Le Regard Libre N°108). Débats, analyses, actualités culturelles: abonnez-vous à notre média de réflexion pour nous soutenir et avoir accès à tous nos contenus!

Emmanuel Venet
Contrefeu
Editions Verdier
Janvier 2024
127 pages

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