Six activistes écologistes ont bloqué l’autoroute dans le canton d’Uri ce Vendredi saint. Altercations, embouteillages et intervention policière, voici la mobilisation «non-violente», alors que tant d’outils légaux et efficaces existent, particulièrement en Suisse.
Après les incidents en marge du blocage d’un pont à Londres en octobre dernier, ayant mené à la mort de deux femmes, il était permis de penser que ce modèle d’action serait à l’avenir moins emprunté. Or, vendredi matin, six activistes du mouvement écologiste Renovate Switzerland ont bloqué l’autoroute dans le canton d’Uri. Des altercations ont alors éclaté entre automobilistes et militants. La police cantonale a pu calmer les tensions et a mis une trentaine de minutes à libérer le tronçon. Toutefois, avec les départs en raison du week-end de Pâques, cette opération a aggravé les embouteillages et l’attente devant le portail nord du tunnel routier du Gothard.
Renovate Switzerland, qui se donne officiellement pour mission de «mener une campagne d’actions non violentes pour qu’un million de maisons soient isolées en Suisse et donner un avenir au pays», n’est pas à son coup d’essai. Le mode opératoire est constamment similaire: les activistes se collent littéralement à la chaussée. On peut alors justement se demander s’il s’agit d’une série de démarches «non-violentes», quand elles provoquent colère, perturbations et – en l’occurrence – échauffourées.
La Suisse, drôle de lieu pour ce genre d’actions
Arrêtés et dénoncés, ces six militants pourraient se souvenir qu’en Suisse, ils possèdent différentes manières d’agir sans pour autant braver la loi et la patience des automobilistes. Les moyens démocratiques sont nombreux et donnent accès à une participation active à la vie politique. Parmi eux, l’initiative populaire permet (si un nombre suffisant de signatures est récolté) de soumettre un changement de la Constitution à un vote populaire. De plus, les citoyens suisses ont la liberté d’élire leurs représentants à chaque niveau (communal, cantonal, fédéral) et peuvent se présenter eux-mêmes à ces scrutins.
Mais ce n’est pas tout. Tous les habitants du pays sont également autorisés à créer des associations et s’y investir pour faire entendre leurs causes, avec une liberté d’expression garantie par les textes fondamentaux. Il y a encore le droit de pétition, à disposition de toute personne, indépendamment de son âge ou de sa nationalité, et qui oblige les autorités fédérales à en prendre acte – celles-ci y répondent même dans la plupart des cas. Il est étonnant, pour ne pas dire consternant, que des individus croyant détenir à eux seuls la définition de la vérité et du bien n’usent pas de ces droits et violent ceux des autres. Respecter les lois en vigueur dans une société moderne est essentiel.
Ecrire à l’auteur: max.frei@leregardlibre.com
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