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Le Prix Georges-Nicole pour Adrien Bürki et sa chapelle intrigante2 minutes de lecture

par Jonas Follonier
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Les bouquins du mardi – Jonas Follonier

Le jeune auteur veveysan Adrien Bürki a été récompensé par le prix Georges-Nicole destiné à reconnaître le talent de nouvelles plumes romandes. Sur la Chapelle est un recueil de quatre petits récits tentant de retracer l’histoire de l’ancienne église qui a donné son nom au village St-Légier-la Chiésaz.

C’est un écrit travaillé, à la langue maîtrisée et au rythme léché, que publient les Editions de l’Aire, toujours plus productives (et tant mieux!), à l’occasion du Prix Georges-Nicole 2019, dont elles sont partenaires. Le Regard Libre était présent au Château de Nyon le mercredi 17 avril dernier, quand le prix a été remis à Adrien Bürki. Nous avons pu assister au caractère sérieux et un brin nonchalant d’un jeune auteur qui s’affirme comme tel, caractère se retrouvant en quelque sorte dans sa prose.

Sa prose, je l’ai aimée. J’ai aimé découvrir le temps d’une bonne heure, sur une terrasse ensoleillée d’un printemps neuchâtelois bien présent, les récits de destins singuliers mais imaginaires. Des destins s’incarnant dans l’environnement de la chapelle mise à l’honneur, au fil de son existence. De 800 environ, temps de sa fondation, au XVIIe siècle, qui l’a vu déchoir. Dans cette suite de quatre récits où beaucoup d’importance est donnée à la nature, à l’environnement, au climat, de petites phrases sont dignes d’un grand écrivain: «Ainsi martin grandit, et Saint-Lethgier était à la fois son univers et sa chambre», ou «Charlotte Lanzy entra dans le moulin et dans sa vie.»

Mais cette composition souffre d’un bémol important. Ce qui vaut pour le journalisme vaut en un sens pour la littérature: l’essentiel est de faire en sorte qu’un texte parle aux lecteurs. Or, ici, le caractère suisse romand de ce texte, qui le dote de qualités indéniables, se confond bien vite avec une certaine fadeur. Le plus souvent lors de la lecture de ces quatre récits, nous ne savons pas trop où nous sommes, de qui nous parlons, ce que nous sommes en train de lire et, enfin, si nous y trouvons même quelque plaisir. Heureusement, quelques occurrences remédient à ce défaut. Les passages les plus réussis sont ceux où l’auteur se laisse aller à quelque élan énumératif, comme ici:

«Couché sur le dos, pieds nus, mains sales, yeux clos, la chaleur rose-orange derrière les paupières, chaud, chaud, chaud, l’air dans les narines, le soleil comme une armure de feu sur le corps, dans le dos la pierre cuisante comme celle du potager où on ne doit pas poser la main, mais au moins ici sur la place il n’y avait personne à cette heure-ci pour le chasser ou le moquer.»

Le premier ouvrage d’Adrien Bürki mérite donc d’être lu, d’être très lu, d’autant que la note qui clôt Sur la Chapelle donne à cet écrit tout son sens. On comprend, pour ainsi dire, où l’auteur voulait en venir avec sa fiction, quand on comprend que sa démarche est avant tout historique, du moins qu’elle clôt – comme la note clôt l’ouvrage – un chantier historique auquel Adrien Bürki lui-même a pris part. Chapeau bas pour cette curiosité du passé, une curiosité assez curieuse en l’espèce, certes, mais assez délicieuse également.


Ecrire à l’auteur: jonas.follonier@leregardlibre.com

Crédit photo: © Jonas Follonier pour Le Regard Libre

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