«Je suis une femme qui chante», dit Gérard Depardieu – ou Barbara – dans son spectacle Depardieu chante Barbara, que nous avons vu à la Salle Métropole de Lausanne, le 13 mars dernier. Le concert, intimiste, le prouve: le célèbre acteur détient ce pouvoir particulier d’effacer sa personne en s’affirmant. De s’exposer en s’imposant. Barbara serait si fière: elle n’a jamais été aussi présente sur scène qu’en cette période.
C’est en effet la motivation première de ce petit tour de chant, débuté il y a un an au Théâtre des Bouffes du Nord, dans la capitale française. Depardieu interprète Barbara pour pérenniser la magie de la chanteuse, et d’une certaine façon la faire continuer à se produire pour son public. La dame en noir n’est plus, certes, mais d’une certaine façon, qu’y a-t-il de plus vivant, de plus important, que ses chansons phénoménales que Depardieu nous fait redécouvrir?
Toujours là où on ne l’attend pas, Gérard. Quelle expérience fascinante que d’assister à cette prestation mi-chantée, mi-parlée, faisant se mêler la voix pleine et la voix de tête. Il semble que tout est pur, que tout est vrai, alors même que l’artiste annonce lui-même que des prompteurs sont là en cas de trous de mémoire. On sent l’homme si proche de sa Barbara, cette «plus-qu’une-amie» au côté de laquelle il avait joué dans le spectacle Lily Passion en 1986. Ce spectacle apparaît comme une évidence.
De L’île aux mimosas à Nantes en passant par Drouot, Depardieu réussit à nous envoûter et à nous faire prendre encore plus conscience de la qualité inégalable des textes de Barbara. Et puis, entendre le piano de l’arrangeur Gérard Daguerre, qui a accompagné la chanteuse pendant seize ans, cela laisse sans voix et confirme le caractère historique de cette création. Nous respirons cet air à part de la chanson française, nous nous laissons émouvoir par la tendresse de Depardieu, nous pleurons face à la beauté de L’aigle noir et, au final, nous n’avons qu’une envie, celle de dire à Gérard Depardieu: «Dis, quand reviendras-tu?»
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