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« La Mort de Staline », un gâchis complet3 minutes de lecture

par Loris S. Musumeci
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Les mercredis du cinéma – Loris S. Musumeci

« Longue vie à Staline ! »

Moscou, 1953. L’orchestre de Radio Moscou donne un noble concert. Tout est beau, tout va bien. Une fois la performance musicale terminée, sueur froide pour le directeur. Le camarade Staline à l’appareil : il veut tout de suite l’enregistrement du concert. Problème, le directeur se rend compte que rien n’a été enregistré. De manière grotesque, il négocie avec les musiciens pour rejouer le concert. Il doit également remplir à nouveau la salle de spectateurs ; pour ce faire il envoie chercher des paysans dans la rue.

Lorsque l’enregistrement est enfin consigné aux autorités  « avec un retard que le camarade Staline a bien noté », la pianiste révoltée glisse un message insultant à l’égard du dictateur dans la pochette. Staline reçoit le disque, l’écoute et découvre les quelques mots de la musicienne. Du rire il passe à l’infarctus. Il meurt. Tout s’effondre pour l’Union soviétique. Le conseil des ministres se réunit ; il faut un nouveau chef. Mais qui, et à quel prix ?

L’échec après quelques minutes

La satire d’Armando Iannucci commençait plutôt bien. Même si les critiques du communisme sont déjà vues et revues, le spectateur s’attend à rire un peu face à une projection légère et déjantée. Les vêtements russes y sont, avec leur air caricatural et populaire. Les visages de Russes aussi. Les couleurs, elles aussi, donnent un air faussement ancien à l’image et la photographie est léchée à la manière des films staliniens.

Mais quelques minutes passent, et déjà les rires peinent à percer le silence de la salle. Le scénario veut en effet traquer toute la bureaucratie ridicule de l’Union, néanmoins les scènes se construisent maladroitement. A la rallonge. Lorsque Staline est mort il s’est « pissé dessus » ; les ministres négocient dans un jeu catastrophique le devoir de le porter tout en étant dégoûtés de ce vieil homme ayant tiré sa révérence dans l’incontinence. La soi-disant blague dure trop longtemps. Elle est pénible.

Rien ne sauve absolument rien

A la rigueur, un jeu sans trop de conviction aurait pu être quelque peu sauvé dans son ensemble par la scénographie. La grandeur des bâtiments y est, leur imposante majesté aussi. Et la musique : violons graves dans les arrestations et évacuations. Militaires se pressant, se croisant dans d’étroits corridors arme à la main. Coups de feu à tout va. Prisonniers çà et là. Et pourtant, rien ne sauve absolument rien.

Les acteurs ne sentent pas le décor qui les entoure. Ils se contentent de livrer le texte qu’ils ont sagement appris la veille, sans aucune conviction, sans aucune incarnation. Décidemment, ils sont irrécupérables. Le spectateur comprend alors le contrat nul qu’il a signé avec le film : non, il ne rira pas, non, il ne réfléchira pas au communisme de manière intelligente.

Et pour passer un coup de grâce à la catastrophe minable qu’est La Mort de Staline, tous les discours et toutes les répliques sont en anglais moderne, accumulant les « fuck ». Un bon scénario et des acteurs corrects auraient pu permettre que le film se joue en anglais, mais là non. A aucun moment, on n’a l’impression de toucher à une ambiance linguistique un tant soit peu slave. Inutile d’en dire davantage, les acteurs jouent mal, le scénario est sans humour, la satire ratée, le film un gâchis complet.

« Je suis épuisé : je ne sais plus qui vit et qui ne vit plus. »

Ecrire à l’auteur : loris.musumeci@leregardlibre.com

Crédit photo : © Ascot Elite Entertainment

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