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«Ça: Chapitre 2», le passé revient nous chercher4 minutes de lecture

par Loris S. Musumeci
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Les mercredis du cinéma – Loris S. Musumeci

«Et parfois, ce qu’on voudrait oublier, ce qu’on voudrait laisser derrière nous, ne peut y rester. Parfois, le passé revient nous chercher.»

Toujours la ville de Derry, mais vingt-sept ans plus tard. A la manière d’une série, le film rappelle d’emblée sa première partie en s’ouvrant brusquement sur le corps flottant de l’air de la jeune Beverly sous l’emprise assassine du clown. Pour passer tout de suite après à l’ambiance allègre et rieuse d’une fête foraine. Il n’y a pourtant pas que les jeunes en autos-tamponneuses qui rient. Rit aussi le clown Grippe-Sou. Qui revient.

De la réalité à la fiction

Sa première victime: un homme qui tombe à l’eau dans le fleuve qui traverse la ville. Cet homme en question était à la fête avec son petit-ami. Le couple, repéré en plein baiser par un bande de jeunes racailles est repéré, tabassé. Il s’agit d’une histoire vraie. A l’exception du dévorement par le clown, les faits sont réels. Ils ont marqué Stephen King, qui a décidé d’en dresser un hommage, ou une dénonciation de l’homophobie, dans son roman. Voilà un lien astucieux tissé entre la réalité et la fiction. Voilà un lien qui nous montre combien la fiction peut figurer, si ce n’est expliquer, la réalité.

Et l’histoire s’enchaîne. Mike, le seul membre du groupe d’enfants ayant combattu Grippe-Sou vingt-sept ans auparavant qui est resté à Derry, se rend sur place; il est policier – comme quoi les expériences marquantes de l’enfances peuvent faire naître des vocations au service de la justice. Tous les signes lui apparaissent. La mal en personne est de retour. Sous son maquillage blanc et son nez rouge, le diable opère à nouveau, avec pour alliée la haine qui a poussé ces jeunes à agresser le couple gay. Avec pour alliés la frustration, la jalousie et les venins qui tuent le cœur de l’homme.

Retrouvailles pour le groupe des ratés

Les autres membres du «groupe des ratés» sont alors convoqués d’urgence par Mike. Ils s’étaient fait la promesse de se réunir à nouveau pour affronter le clown s’il revenait à sévir. Mais s’étant éloignés de Derry, ils ont tous oublié le choc de leur enfance. Chacun a sa vie, son boulot, ses problèmes. La convocation est donc vue comme l’occasion de retrouvailles amicales. Ce dont il s’agit d’ailleurs. Sauf que les souvenirs reviennent, et la peur avec. Le sillon est alors tracé pour Grippe-Sou qui revient les attaquer. Fuir? Ils en sont tentés. Mais comme la peur, la cicatrice de la promesse les rattrape aussi. Ils restent, pour le vaincre. Malgré les mauvaises surprises qui les attendent. Malgré le pas que devra franchir chacun pour guérir de son passé; du fantômes des effrois et des blessures qu’il faut tuer. Une bonne fois pour toutes.

Une invitation au courage

Les quelques éléments de synopsis indiquent sans hésitation que Ça et Ça: Chapitre 2, bien qu’appartenant au genre épouvante-horreur, embrassent complètement la philosophie. Les deux films livrent un message, peut-être banal, en tout cas essentiel: le courage fait vivre, il permet de survivre, et pour tuer les peurs et les traumatismes les plus intimes à chacun il doit être porté par l’union, le collectif. Seul, on ne peut rien, on est vulnérable. A plusieurs, scellés par les liens sacrés de l’amitié, on peut vaincre ce qui n’a pas lieu d’être, à savoir les forces du mal.

Au niveau stylistique, la réalisation d’Andy Muschietti s’en sort un peu moins bien que pour le premier chapitre. L’effet de surprise est toujours présent, film d’horreur oblige, mais l’effet de suggestion amené par une caméra se plaçant en spectateur extérieur disparaît quasiment. Ça: Chapitre 2 fait donc moins peur, mais évitez tout de même d’y emmener vos enfants. Parce que certaines scènes ne manqueront pas de faire tressaillir les poils de vos avant-bras.

En revanche, le scénario s’affine par rapport au premier chapitre. A l’exception d’une présence accrue de la dimension ésotérique qui, en plus d’être mal tournée, ne provoque qu’un ridicule cul-cul qui fait davantage pouffer que sourire. L’humour et la dérision néanmoins y jouent un rôle plus important. Ils apportent la légèreté nécessaire à contrebalancer la gravité des faits. Des enfants meurent, la terreur règne, mais on nous rappelle bien sans cesse que tout cela n’est qu’un film.

Et même si une partie de son but réside dans les frissons promis aux spectateurs, elle demeure surtout dans son invitation au courage et à la vertu. D’où que l’on vienne, quelle que soit notre histoire. Que l’on soit orphelin de parents morts dans un incendies, que l’on soit orphelin d’un petit frère en anorak jaune, ou que l’on fût abusée par son propre père durant toute son enfance. Les ratés de la vie ont leur rôle à jouer. Espoir d’une guérison. D’une vie meilleure. Même si ça ne se finira pas bien pour tous – la réalité est tragique –, Ça finira.

«N’ayez pas peur. Restez qui vous êtes. Et si vous trouvez quelqu’un à qui vous tenez, ne le laissez jamais partir. Tracez votre route, et vous verrez bien où elle vous mène.»

Ecrire à l’auteur: loris.musumeci@leregardlibre.com

Crédit photo: © Warner Bros. Entertainment Switzerland

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